Histoire : Magellan autour du monde

Portrait de Fernand de Magellan © Isopix
Stéphanie Breuer Journaliste

Il y a cinq cents ans, le premier tour du monde de l’Histoire s’achevait en Espagne. Une expédition initiée par Fernand de Magellan, mort avant la fin du périple.

«Jamais le monde n’a été aussi grand qu’au lendemain du périple de Magellan», écrivait l’historien français Pierre Chaunu. Trente ans après la découverte de Christophe Colomb, l’expédition d’un autre navigateur – portugais cette fois, mais toujours au service de l’Espagne – a démontré qu’il était possible de faire le tour de la Terre par la voie maritime.

Fernand de Magellan (Fernão de Magalhães en portugais) voit le jour vers l’an 1480, probablement à Porto. Alors qu’il grandit dans une Europe où les puissances occidentales font la course aux grandes découvertes, il rêve d’aventures et d’explorations.

Comme, depuis 1494 et le traité de Tordesillas, les territoires situés à l’ouest d’une ligne passant au milieu de l’Atlantique sont attribués à l’Espagne, et ceux situés à l’est (soit l’Afrique et l’Asie) au Portugal, Magellan fait une proposition à Charles Quint, roi d’Espagne. Pour son compte, il est déterminé à atteindre par la route de l’ouest les Moluques (dans l’actuelle Indonésie), riches îles aux épices tant appréciées des aristocrates européens. Charles Quint lui donne son feu vert.

Détroit à son nom

Le 20 septembre 1519, Magellan quitte Sanlúcar de Barrameda, près de Cadix, à la tête de cinq caravelles – San Antonio, Victoria, Concepción, Santiago et Trinidad – et 240 hommes. Il longe d’abord la côte orientale de l’Amérique du Sud. Arrivé à l’extrême sud du continent (baptisée Terre de Feu en raison des nombreux feux allumés par les indigènes), il débouche, en novembre 1520, sur un océan calme et lisse, qu’il nomme Pacifique, et découvre ainsi le détroit qui porte aujourd’hui son nom.

Les mois suivants sont éprouvants : Magellan met plus de trois mois à traverser le Pacifique. Rongés par la faim et le scorbut, les marins peuvent enfin se ravitailler dans les îles Mariannes, avant de faire une nouvelle découverte, en mars 1521 : les Philippines. C’est là que sonne la fin du voyage pour Magellan. Touché par une flèche empoisonnée, le navigateur trouve la mort dans un combat avec les populations indigènes.

18 survivants

Privé de son capitaine, l’équipage et les deux seuls navires restants atteignent enfin en novembre 1521 leur objectif final, les Moluques. Chargés d’épices (poivre et clous de girofle), les bateaux reprennent la route : l’un par la même route qu’à l’aller – il n’arrivera jamais à bon port – l’autre, la Victoria, en contournant l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, découvert en 1488.

Le 6 septembre 1522, après trois ans de voyage et après avoir affronté tempêtes, mutineries, famines et maladies, le navire en piteux état accoste près de Séville avec 18 survivants à son bord. «Ces 18 inconnus ont accompli le premier tour du monde initié par Magellan», écrit Michel Vergé-Franceschi dans «Magellan : 1480-1521» (Historia). «Ils ont gardé la vie. Lui a conservé la gloire.»

Le Basque Juan Sebastián Elcano, qui a pris la suite de Magellan à la tête de l’expédition, est anobli par Charles Quint qui lui offre un globe avec l’inscription : «Toi le premier, tu as fait le tour de moi».

Quant au vaisseau Victoria, il est «hissé à terre à Séville comme un monument de cette expédition, la plus hardie peut-être que les hommes eussent encore faite», écrit De Bougainville dans son «Voyage autour du monde» (1771). «Ainsi fut démontrée physiquement, pour la première fois, la sphéricité et l’étendue de la circonférence de la Terre». 

Cet article est paru dans le Télépro du 15/9/2022

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