Histoire : les origines du passeport
Passeport, s’il vous plaît… Ce laissez-passer n’a qu’un siècle comme document officiel mondial, mais l’idée de créer un «visa pour le monde» est bien plus ancienne.
Qu’est-ce qui est bordeaux, mesure 8,8 x 12,5 cm et prend la poussière depuis des mois au fond d’un tiroir ? Humez son parfum : il sent bon la découverte d’horizons lointains. Parcourez-le : les images de vos destinations préférées ressurgissent du passé. Le passeport, c’est votre visa pour le monde ! Ce samedi à 18h15 dans «Faire l’histoire», Arte vous dit tout sur ce document surnommé «la frontière de papier». Elle ne date pas d’hier cette frontière…
Passer le port
Au IIIe siècle av. J.-C., dans l’Ancien Testament, le Livre de Néhémie raconte l’histoire du principal maître d’œuvre de la reconstruction des murailles de Jérusalem. Pour que celui-ci puisse traverser la Judée, le roi de Perse doit lui remettre une lettre officielle à destination des «gouverneurs de la province par-delà la rivière».
Faisons un bond dans l’espace et le temps, au XVe siècle. La France instaure une procédure permettant aux marchandises et aux personnes de circuler dans les ports et les villes fortifiées. Il porte le nom de «passe-port». Deux siècles plus tard, le roi Louis XIV impose aux voyageurs se rendant par mer à l’étranger de disposer d’un document signé de sa main. Son nom devient passeport et son usage assez aléatoire…
Y’a photo !
Avec la Grande Guerre, le laissez-passer tend à se généraliser car plusieurs pays européens organisent des contrôles d’identité aux frontières. Une photo y est jointe. La raison ? Un espion allemand aurait tenté d’entrer en Grande-Bretagne avec de faux papiers américains.
Les clichés sont toutefois loin de ce qui est exigé de nos jours. Comme le rapporte sur Internet «Air-Indemnité.com» : «Il était alors possible de faire figurer une photo de famille ou de groupe». À l’origine réservés à quelques-uns, le passeport devient aussi un document de masse.
Exception de la Reine
Les formalités sont uniformisées internationalement après la Seconde Guerre mondiale. La couleur par exemple. Comme le détaille le site «Profession Voyages.com», quatre couleurs (et leurs nuances) sont autorisées : le rouge et ses variantes (pour les ex-pays communistes et l’Europe), le bleu (les pays des Amériques), le vert (pays où la religion musulmane est prédominante) et le noir (Afrique et Nouvelle-Zélande).
Cette «pièce certifiant l’identité et la nationalité, délivrée par une autorité administrative à un ressortissant» devient indispensable pour se rendre à l’étranger. Une seule exception : la Reine d’Angleterre. C’est en son nom que les sésames britanniques sont délivrés, elle n’en n’a donc pas besoin pour traverser les frontières !
Lutte anti-fraude
Biométriques, électroniques : pour éviter les contrefaçons, les livrets sont de plus en plus sécurisés. Le nouveau passeport belge comportera notamment une page de renseignements en polycarbonate avec fenêtre transparente et double lentille de décodage, mais aussi puce sans contact contenant les données biométriques (photo et empreintes digitales).
D’autres pays ont choisi des sûretés différentes. La Finlande, par exemple. Si le passeport est officiel, il suffit de le feuilleter rapidement pour apercevoir… un renne au galop !
Passeport doré
Les passeports ne diffèrent pas que par leur infalsifiabilité. Chacun dispose d’une valeur propre, selon la liberté de voyage permise à son titulaire. Numéro 1 au classement mondial 2021 du «Henley Passport Index» : le Japon. Il donne accès à 193 destinations sans visa. Avec 187 lieux répertoriés, la Belgique prend une honorable 7e place. Mais d’autres classements (dont «Passport Index») donnent des résultats différents.
Indiscutable par contre : certains pays délivrent des sésames à qui décide d’investir chez eux ! L’an passé, la Commission de l’UE a lancé des procédures d’infraction contre Chypre et Malte. Jusqu’en octobre, en échange d’un investissement de 2,5 millions €, Chypres octroyait à des ressortissants non-européens un «passeport doré» et donc la citoyenneté de l’Union !
Cet article est paru dans le Télépro du 13/5/2021
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