Histoire : les monarchies piégées par Hitler

Hitler entouré de Mussolini et du roi Victor-Emmanuel III à Rome, en 1938 © RTBF

Les rois ont été des pions comme les autres sur l’échiquier de Mussolini et d’Hitler.

Pourquoi les monarchies européennes ont-elles permis la montée du fascisme et du nazisme qui vont mener à la Seconde Guerre mondiale ? En Belgique, l’histoire s’est terminée par la Question royale et l’abdication de Léopold III.

Mais pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi aucun souverain européen n’a-t-il vivement réagi face à Hitler ou Mussolini ? C’est la question à laquelle répond «Le Temps d’une histoire», vendredi à 20h50 sur La Une. Avec un documentaire passionnant et riche en intervenants, parmi lesquels le prince Emmanuel-Philibert de Savoie et la princesse Marie-Esméralda de Belgique.

La peste communiste

Tout commence à l’issue de la Première Guerre mondiale. Les monarchies sont pointées du doigt. Comment ces souverains, tous cousins, ont-il pu se faire la guerre et causer la mort de 20 millions de personnes ? L’empire allemand s’effondre. L’empire austro-hongrois est démantelé. L’empire ottoman disparaît également.

Mais ce qui marque surtout les souverains, c’est la fin tragique du tsar de Russie, assassiné par les bolcheviks avec toute sa famille. Les monarchies européennes ont peur du communisme comme de la peste. Elles vont donc éprouver un certain soulagement quand arrivent au pouvoir des hommes capables de faire rempart à ce mouvement.

Main dans la main

L’Italie est la première concernée. Au début des années 1920, le pays vit dans une instabilité à laquelle contribuent les communistes. Lorsque Mussolini promet de remettre de l’ordre, le roi Victor-Emmanuel III voit cela d’un bon œil. Les deux hommes vont travailler main dans la main pendant plusieurs années.

Peu à peu, le Duce transforme pourtant la monarchie constitutionnelle en une dictature fasciste. Le Roi n’a plus grand chose à dire. Il se réjouit cependant que son pays se relève de la guerre, entre dans l’ère moderne et connaisse une belle réussite économique.

Du Kaiser à Wallis

Les choses vont se dérouler de manière assez semblable en Allemagne. L’ancien Kaiser, Guillaume II, exilé aux Pays-Bas, est séduit par Hitler. Il se dit que ce petit caporal pourrait rendre sa grandeur à l’Allemagne et peut-être même lui rendre son trône. Deux des fils du Kaiser, dont le prince héritier, adhérent au parti nazi et s’engagent dans la Wehrmacht, entraînant dans leur sillage de nombreux aristocrates allemands. Ils n’ont pas lu «Mein Kampf» où Hitler traite les Habsbourg de «fléau héréditaire».

Le Führer méprise l’élite aristocratique, mais il s’appuie sur elle pour arriver au pouvoir. Jusqu’à la Nuit des Longs Couteaux, en 1934. Parmi les victimes, des aristocrates jugés hostiles. L’un des fils du Kaiser, alors député nazi, est également arrêté…

Un seul monarque s’est véritablement inquiété de l’arrivée au pouvoir de Hitler : George V d’Angleterre. Mais il décède début 1936, laissant le trône à son fils Edward VIII, qui ne cache pas sa sympathie pour le nazisme. Que serait-il arrivé à l’Europe si Edward avait vraiment régné, plutôt que d’abdiquer au bout de quelques mois pour épouser Wallis Simpson ?

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 12/11/2020

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