Histoire : le piège de Diên Biên Phu
Menée entre mars et mai 1954, la sanglante bataille amorce la fin de la guerre d’Indochine. Ce mercredi à 21h10, France 3 diffuse le documentaire «Indochine, une guerre oubliée».
Elle est l’une des plus longues batailles de l’après Seconde Guerre mondiale, et l’une des plus meurtrières.
En 1954, la bataille de Diên Biên Phu accélère la fin de la guerre d’Indochine, dans laquelle la France est empêtrée. 70 ans après, France 3 revient sur cette «guerre oubliée».
Composée du Cambodge, du Laos et du Vietnam, l’Indochine est considérée comme la perle de l’Empire français. Riche en ressources naturelles, ce paradis, où les colons coulent des jours heureux, fait figure de colonie modèle. Du moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale…
En 1945, alors que les combats s’achèvent en Europe, les régions indochinoises se lancent dans une lutte pour l’indépendance.
Fardeau financier
Huit ans plus tard, la guerre froide s’est invitée dans le conflit : la France est soutenue par les Américains, l’armée indépendantiste par Moscou et la Chine communiste. La situation politique et militaire est dans l’impasse et le temps a joué en faveur du Viêt-minh (le parti nationaliste et communiste fondé par Hô Chi Minh en 1941), dont les troupes sont aguerries par ces années de guerre.
«C’est dans ce contexte, où la guerre d’Indochine est devenue un fardeau financier insupportable pour la France, qu’au printemps 1953 l’éphémère gouvernement Mayer entend trouver une “porte de sortie honorable” au conflit», écrit Ivan Cadeau dans «Pourquoi Diên Biên Phu ?» (Historia). «C’est d’ailleurs la mission qui est confiée au nouveau commandant en chef, le général Navarre.»
Pour établir une base aéroterrestre, ce dernier choisit la plaine de Diên Biên Phu, dans la région du haut Tonkin, près de la frontière avec le Laos. «Ce choix ne fait pas l’unanimité et un officier français aurait lancé à son propos : “Mais c’est un pot de chambre ! On va nous pisser de partout !”», rapporte André Larané sur Herodote.net.
Toujours est-il que, lors de l’opération «Castor» fin 1953, six bataillons de parachutistes prennent possession des lieux. Le général Vo Nguyen Giap encercle rapidement la position ennemie, mais attend patiemment son heure.
Lourd bilan
Lorsque les grandes puissances convoquent, pour le printemps 1954, une conférence internationale à Genève pour régler définitivement la question indochinoise, Hô Chi Minh décide de passer à l’action. «Pour le Viêt-minh, remporter une victoire décisive sur le terrain permettrait de négocier en position de force», écrit Laurent Henninger dans «Diên Biên Phu : qu’allaient-ils faire dans cette “cuvette” ?» (L’Histoire).
Ainsi, le 13 mars, Giap ouvre le feu sur Diên Biên Phu. «Pendant des semaines, l’armée communiste va s’employer à asphyxier le camp retranché», poursuit l’historien. «Dès la mi-mars, nombre de chefs français commencèrent à comprendre que la partie était perdue.»
Le 7 mai, après 55 jours dans l’enfer de Diên Biên Phu où la pluie n’a cessé de tomber, les militaires français capitulent, signant ainsi la fin de la guerre. Désormais, «cette version moderne du “David contre Goliath” apparaît synonyme de défaite absolue du fort contre le faible», selon les mots de Hugues Tertrais dans «Diên Biên Phu, l’incroyable victoire» (L’Histoire).
Le bilan humain est lourd : côté français, 3.000 morts et plus de 10.000 prisonniers (dont seul un tiers survivra) ; côté vietnamien, les pertes sont évaluées à 12.000 morts et 30.000 blessés. Les négociations aboutissent à un cessez-le-feu et les Vietnamiens obtiennent leur indépendance. Avant de replonger, l’année suivante, dans la guerre du Vietnam, qui laissera un traumatisme encore plus profond…
Cet article est paru dans le Télépro du 25/4/2024
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