Histoire : la légende noire de Louis XI
Tyrannique, cruel et manipulateur pour les uns… Pragmatique, artisan de l’unité française et fédérateur des territoires pour d’autres…
Louis XI (1423-1483) laisse un souvenir contrasté à travers le temps, sur lequel revient Stéphane Bern mercredi dans « Secrets d’Histoire » (France 3, 21.05). Sûrement était-il un peu des deux, un roi décidé à moderniser la France, quitte à recourir à des mesures autoritaires… Portrait.
Dauphins français
Fils de Charles VII et Marie d’Anjou, le futur Louis XI naît au cœur d’une période trouble. Son grand-père, Charles VI, sombrant dans la folie, a déshérité son propre fils au profit du roi d’Angleterre. « C’est l’époque, confuse, de la double monarchie : les Anglais se sont déclarés rois de France et d’Angleterre, Charles VII n’est plus que dauphin et est privé de sacre », explique le magazine GEO. La naissance d’un héritier mâle représente donc un espoir. Pour sa sécurité, le petit Louis est tenu éloigné de sa famille. En 1429, son père est sacré à Reims grâce à l’intervention de Jeanne d’Arc. En quelques années, les Anglais sont mis dehors.
Conspirations
Mais Louis garde une piètre image de son paternel, qui, selon lui, voudrait l’écarter du pouvoir. À 17 ans, impatient de prendre sa place sur le trône, il se joint aux grands seigneurs féodaux dans la conspiration de la Praguerie de 1440. Mais la rébellion est maîtrisée.
Alors que les nobles sont punis, Louis est pardonné, mais envoyé gouverner le Dauphiné (territoire non rattaché au royaume de France destiné à l’héritier de la Couronne). C’est là qu’il développe ses talents d’administrateur, transformant « cette principauté en un véritable État indépendant, tout en réglant à son avantage les litiges territoriaux », explique l’encyclopédie Larousse.
Il ne cesse pas pour autant de comploter contre son père, qui lui envoie son armée. Obligé de fuir, Louis trouve refuge auprès de Philippe Le Bon, duc de Bourgogne. Celui-ci lui offre l’asile au château de Genappe, près de Bruxelles, où Louis reste jusqu’à la mort de son père en 1461. Charles VII, convaincu que son fils allait tenter de l’empoisonner, aurait cessé de s’alimenter…
Roi paradoxal
Le 15 août 1461, à 38 ans, le dauphin devient enfin souverain. Rancunier, il se débarrasse des conseillers proches de son père pour s’en choisir de nouveaux. Ne se faisant au passage pas que des amis. Il entreprend également des réformes fiscales, très mal perçues. « Les féodaux reprochent à Louis XI de les dépouiller de leurs fiefs, de réduire leurs pensions, de leur imposer des mariages à son avantage et de gouverner avec des bourgeois. Ils n’ont pas de mal à trouver des alliés parmi les plus grands seigneurs du royaume », détaille le site Herodote.net.
La « Ligue du Bien Public » entre en guerre contre le Roi pour placer son frère sur le trône. Comme la Praguerie avant elle, la Ligue est défaite, au prix de traités parfois désavantageux. C’est à cette époque, le 29 août 1475, qu’est signé le traité de Picquigny, qui met fin à la guerre de Cent Ans, opposant depuis 1337 les royaumes d’Angleterre et de France. « Tous ses ennemis sont alors matés, et il peut régner sans partage jusqu’à sa mort en 1483 », conclut GEO. Louis XI incarne le paradoxe d’un roi visionnaire, prêt à tout pour imposer son autorité et construire une France unie. La fin justifie les moyens…
Cet article est paru dans le Télépro du 23/1/2025
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