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Histoire : la fin tragique des amants de Mayerling
En 1889, Rodolphe de Habsbourg, héritier de l’Empire austro-hongrois, est retrouvé mort avec sa maîtresse. Suicide ou assassinat ? Le doute subsiste.
Mayerling. Le nom de ce petit village situé dans les montagnes entourant Vienne est, depuis plus de 130 ans, mondialement connu et associé à un terrible drame, qui a fait vaciller l’Empire des Habsbourg. Dans « Secrets d’Histoire », ce mercredi à 21h10 sur France 3, Stéphane Bern passe en revue les différentes hypothèses émises dans cette affaire où se mêlent mystère et enjeux politiques.
Le 30 janvier 1889, à 7 h du matin, alors que le calme règne dans le pavillon de chasse de Mayerling, deux détonations retentissent. Dans la chambre de l’archiduc Rodolphe, un spectacle macabre se dévoile : le corps du prince héritier (30 ans) gît aux côtés de celui de sa jeune maîtresse Marie Vetsera (17 ans).
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Le couple impérial – l’empereur François-Joseph Ier de Habsbourg et Élisabeth de Wittelsbach (Sissi) – est aussitôt averti de la mort de son unique héritier. Plongé en pleine tempête, François-Joseph va tout faire – et changer plusieurs fois de versions – pour sauver les apparences de ce qui s’apparente à un meurtre (consenti), suivi du suicide d’un homme sans doute trop fragile pour affronter son statut d’héritier de l’Empire austro-hongrois.
Un prince torturé
Né dans une dynastie très militarisée, le jeune descendant de Charles Quint est préparé, dès sa plus tendre enfance, à régner sur cet Empire aussi vaste qu’hétéroclyte. Mais, au grand dam de son père, Rodolphe, passionné d’ornithologie, est plus un intellectuel qu’un soldat. Ce prince éclairé se rêve en scientifique.
Son mariage ennuyeux avec la princesse Stéphanie de Belgique (la fille du roi Léopold II) le pousse à chercher la passion loin du lit conjugal et à multiplier les aventures. Sa vie sexuelle débridée lui vaut de contracter la syphilis (et de contaminer son épouse). Déjà torturé par son rapport avec son père et son destin trop grand pour lui, le jeune prince mélange alcool, cocaïne et morphine pour supporter les douleurs engendrées par sa maladie. Lorsqu’il rencontre, à l’automne 1888, la jeune Marie Vetsera, il la convainc de l’accompagner dans la seule issue qu’il envisage désormais pour lui : la mort.
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Mais, après le drame, l’attitude de l’Empereur – qui fait tout pour cacher la présence du corps de la jeune femme et fait jurer aux témoins de garder le silence – fait rapidement naître des rumeurs sur un possible meurtre politique de cet héritier jugé trop libéral. Avec comme commanditaire, l’Empereur lui-même, voire le chancelier allemand Otto von Bismarck, qui aurait craint que Rodolphe, une fois sur le trône, se détourne de la Triple Alliance pour se rapprocher de la France.
Lettres d’adieu
En 1982, Zita de Bourbon-Parme, dernière impératrice d’Autriche, relance les spéculations en affirmant que Rodolphe a été tué. Puis, en 2015, une découverte sensationnelle fait à nouveau pencher la balance vers le suicide : les lettres d’adieu de Marie Vetsera à sa famille retrouvées dans le coffre d’une banque autrichienne.
Alors, suicide passionnel de deux amants perdus ou crime politique ? Si un doute subsiste, une chose est certaine, ce « drame de Mayerling », comme l’Histoire a nommé cette affaire, a laissé une famille en pleine tourmente et sonné le glas de la dynastie des Habsbourg. En effet, l’assassinat en 1914 à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, neveu de l’empereur, précipite l’Europe dans la Première Guerre mondiale, dont l’issue provoque l’abolition de la monarchie…
Cet article est paru dans le Télépro du 13/2/2025
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