Histoire : la Belgique «bourguignonne»
Il fut un temps où le Plat Pays à naître vit ses terres traversées par les ducs de Bourgogne, en quête de pouvoir. Les traces qu’ils y ont laissées sont plus nombreuses qu’on ne le croit.
La splendeur et l’influence de l’éphémère Cour bourguignonne, découlant de ses désirs de puissance a marqué l’Europe occidentale. Et au milieu de ces mutations, on peut dire que sans les quatre ducs de Bourgogne – Philippe le Hardi, Jean sans peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire -, la Belgique ne sera sans doute pas la même aujourd’hui. L’historien, journaliste et conférencier flamand, Bart Van Loo, a étudié leur passage dans les moindres détails. Et en tire des observations étonnantes.
Une dynastie ambitieuse
L’histoire de la Bourgogne a été écrite par ces quatre personnages, à la fois valeureux et violents, croyants mais ambitieux, destructeurs mais admirateurs d’art. Mais pas seulement. La Flandre ainsi que la Hollande gardent des empreintes encore vivaces. Entre 1369 et 1477, ces fières figures se sont succédé à la tête des Pays-Bas méridionaux et septentrionaux, c’est-à-dire la Belgique et les Pays-Bas tels qu’on les connaît actuellement. Dès le début, les ducs de Bourgogne ont voulu rivaliser avec les rois des terres voisines, tant dans leur magnificence que leur autorité. Leur richesse et leur accès aux artisans flamands ont permis aux ducs de produire l’une des cultures de cour les plus visuellement remarquables d’Europe occidentale.
«Notre histoire est un méli-mélo !», explique Bart Van Loo. Et d’expliquer au Nieuwsblad : «L’endroit où tout a commencé est sans aucun doute Gand, à l’abbaye Saint-Bavon. En 1369, Philippe le Hardi épouse Marguerite III de Flandre. Ce mariage marque l’ancrage des Bourguignons dans notre région. S’il y a un endroit que vous pouvez qualifier de berceau de notre passé, c’est bien là. L’autre lieu important est l’Hôtel de Ville de Bruges. En janvier 1464, les administrateurs locaux sont venus des Pays-Bas, du Brabant, du Hainaut et du Nord de la France pour y rédiger l’acte de naissance officiel des Pays-Bas.»
Initiatives modernes
Quant à Philippe le Bon – qui résidait souvent à Bruxelles, au palais du Coudenberg (emplacement de l’actuel Palais royal) -, il va laisser une trace organisationnelle. «Outre des systèmes juridiques et financiers confiés désormais à des professionnels, des écoles et universités sont créées pour former ces fonctionnaires, à Dole et à Louvain.» Philippe le Bon plaide aussi pour une monnaie commune, le Vierlander. «En 1433, cela a rapproché les économies de la Flandre, du Brabant, de la Hollande, du Hainaut et de quelques autres régions limitrophes. Mais la monnaie unique n’a jamais empêché les habitants des domaines du Duc de se sentir plus flamands, hollandais ou brabançons que bourguignons, de même qu’aujourd’hui, nous nous sentons plus belges, néerlandais ou français qu’européens !»
Faste, art et culture
Après l’assassinat de Jean sans Peur en 1419 en France, Philippe le Bon s’est détourné des intrigues de l’Hexagone et s’est aussi concentré sur les arts des territoires du nord. Car, comme tous ses frères, il aime l’élégance, le faste, la fête où sont invités des musiciens. «Les ducs étaient habillés des tissus de qualité, des pierres et des métaux précieux complétaient ces tenues lors de leurs banquets festifs qui grevait le budget», note Bart Van Loo. Ainsi, les œuvres les plus célèbres réalisées à la cour de Philippe le Bon sont les peintures du brugeois Jan van Eyck, ainsi que les sculptures du hollandais Claus Sluter et du tournaisien Rogier van der Weyden. «Les Bourguignons ont réuni les meilleurs artistes des régions qu’ils ont acquises et leur ont confié du travail pour souligner la grandeur de leur duché. Finalement, la création des Pays-Bas a aussi été une forme d’art.»
À voir
Mercredi, «Des racines & des ailes» (France 3) part à la découverte de la Bourgogne et de ses merveilles.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/3/2021
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