Histoire : Joseph II, despote éclairé
Souverain visionnaire, le fils de Marie-Thérèse d’Autriche mène de nombreuses réformes mal perçues par son peuple. Ce vendredi à 22h50, Arte propose dresse son portrait avec le documentaire «Joseph II d’Autriche».
Souvent éclipsé par sa mère, la puissante Marie-Thérèse d’Autriche, et par sa sœur, la dissolue reine Marie-Antoinette, Joseph II d’Autriche a pourtant réformé son État et posé les bases du futur Empire austro-hongrois.
Vendredi soir, Arte dresse le portrait de ce souverain, tour à tour qualifié de grand réformateur, monarque visionnaire ou despote éclairé.
Premier garçon après trois filles, le petit Joseph était très attendu par ses parents, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et François I er de Lorraine. Sa naissance en 1741 intervient en pleine guerre de succession d’Autriche, soit la contestation de la Pragmatique Sanction par laquelle l’empereur Charles VI du Saint-Empire léguait à sa fille Marie-Thérèse les États de la maison de Habsbourg (principalement Autriche, Hongrie, Bohême, Croatie et provinces de l’actuelle Belgique). Ainsi, très jeune, le Prince comprend que son État est de construction fragile et a besoin d’être consolidé.
Éclairé par les Lumières
Enfant, Joseph est familiarisé par ses précepteurs avec l’esprit nouveau des Lumières et l’idée qu’un monarque a des devoirs envers son peuple. À 22 ans, il écrit ses «Rêveries» et affiche sa volonté de s’attaquer au clergé et à la noblesse. Il imagine un État moderne dans lequel les privilèges seraient abolis et où tous les citoyens jouiraient des mêmes droits.
Mais il est contraint de suivre la vision politique bien différente de sa mère et d’obéir à la devise des Habsbourg : «Que les autres fassent la guerre, toi, heureuse Autriche, marie-toi.» En 1760, le jeune héritier dit oui à Isabelle de Bourbon-Parme, qui meurt trois ans plus tard.
En 1765, la destinée de Joseph prend un nouveau tournant. La mort de son père le place sur le trône du Saint-Empire, qu’il codirige avec sa mère. Fidèle à ses idéaux, Joseph II investit la fortune colossale dont il hérite pour rembourser la dette publique. Pour connaître ses États, il voyage, inspecte ses possessions et apprend à connaître ses sujets. Il parcourt 50.000 km, sans protocole, sous le nom de comte de Falkenstein.
Réformes à tout-va
Joseph II revient à Vienne avec des idées en avance sur son temps – comme celle d’abolir le servage et le système féodal – provoquant de grandes dissensions avec sa mère. En 1780, après la mort de celle-ci – «J’ai cessé d’être un fils et c’est pourtant ce que je savais faire de mieux», écrit-il alors -, Joseph II a les coudées franches pour lancer ses réformes : tolérance religieuse envers les protestants et les Juifs, refonte en profondeur de l’Église et de l’administration…
Saisi d’une fièvre réformatrice, il proclame un nombre impressionnant d’édits et de décrets, concernant tous les secteurs. La plupart ne résistent pourtant pas au mécontentement général. La révolte se met à gronder un peu partout. Dans les Pays-Bas, la Révolution brabançonne éclate en 1789 et aboutit à la création des éphémères «États Belgique unis».
Pour autant, certaines de ses réformes, allant dans le sens de l’Histoire, finiront par s’imposer : son édit de tolérance religieuse, l’abolition du servage ou la modernisation administrative. Dix ans après sa mère, Joseph II, dont la devise était «Par la vertu et l’exemple», meurt à l’âge de 48 ans, sans postérité et impopulaire. Son épitaphe indique : «Ici repose un prince dont les intentions étaient pures mais qui eut le malheur de voir échouer ses projets»…
Cet article est paru dans le Télépro du 7/4/2022
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