Histoire : il était une fois le Far West
Ce dimanche à 22h50 sur France 5, les réalisateurs de «Far West, l’histoire oubliée» confrontent une Amérique qui semble souffrir d’amnésie collective en ce qui concerne la conquête de l’Ouest.
À la fois zone géographique, désignant l’extrême Ouest américain et période temporelle de la «loi du plus fort», durant le XIXe siècle, et plus particulièrement sa seconde moitié, le Far West alimente de nombreux fantasmes.
Mythes fondateurs
«Dans l’Ouest, quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende», affirmait John Ford, célèbre réalisateur de westerns notamment.
La première image d’Épinal dont il faut se détacher est celle du fameux cow-boy. Courageux cavalier armé d’au moins deux colts dans la ceinture, cet homme au regard de braise, principalement blanc dans l’imaginaire collectif, est souvent le héros désigné de l’époque du Far West. Pourtant, loin s’en faut. Si le cow-boy n’a pas à rougir de son statut, à l’époque, ce dernier n’était ni plus ni moins ce que son nom désigne en français : un garçon vacher.
Un travail qui consistait à surveiller les animaux pour leur faire traverser rivières et étendues désertiques. Ce job, qui s’effectuait certes à cheval, était épuisant, mal rémunéré, peu valorisant et laissait très peu de temps pour la chasse au bandit. «Le salaire mensuel variait entre 30 et 40 dollars, quand une paire de bottes en coûtait 15», relate le magazine Géo. «Le cuisinier de l’équipe était mieux payé ! Près de la moitié des cow-boys (45 %) étaient des personnes de couleur : Mexicains, Noirs, métis, voire Indiens.»
Pour ce qui est du look, les garçons vachers portaient des vêtements adaptés à leur profession, à savoir rustiques. Quant au célébrissime chapeau, ils le gardaient attaché à une lanière, dans le dos, pour éviter qu’il ne s’envole. Enfin, côté munitions, à quoi bon convoyer du bétail avec des fusils encombrants ? Les cow-boys étaient très rarement armés.
«Les détonations ne pouvaient qu’effrayer les bovins. Pour se faire obéir des bêtes, les cow-boys utilisaient plutôt des lassos et des fouets», poursuit Géo. «Seuls les chefs chargés de l’encadrement des équipes pouvaient détenir une arme, qu’ils devaient néanmoins laisser à l’entrée des hôtels et des saloons.»
Wanted : un peu d’action !
Aux côtés du cow-boy héroïque, l’autre vedette d’un western est le shérif face au bandit. Là encore, il est illusoire d’attribuer à un seul homme la responsabilité de la sécurité. La loi et l’ordre dans le Far West étaient souvent laissés à des agences de sécurité privées qui s’additionnaient à la vigilance du shérif. Et si on ne doute pas que ces gardiens de la paix avaient du pain sur la planche, les villes du Far West n’étaient pas aussi dangereuses que le cinéma veut nous le faire croire.
«Dodge City, Abilene, Ellsworth, Wichita… Les villes des cow-boys (cattle towns) se ressemblaient toutes. Près de la gare, des milliers de bêtes étaient parquées avant leur départ», explique Géo. «Entre 1867 et 1890, on a dénombré dans ces villes 55 homicides seulement (39 par fusil, dont 16 causés par la police) et un seul cow-boy a été abattu. Sur tout le Wyoming, il n’y eut que quatre meurtres en 1872. Ces bourgades étaient donc bien moins dangereuses que certaines villes d’aujourd’hui.»
Tous des sauvages ?
Dernier personnage, et pas des moindres, dans les mythes du Far West : l’Indien, souvent décrit comme un sauvage par l’œil américain. Ces derniers n’ont pourtant pas pris les armes gratuitement. Lorsque les colons blancs ont débarqué au début du XIXe siècle, les quelque 600.000 Indiens, Sioux, Cheyennes, Comanches, étaient bel et bien chez eux au-delà du Mississippi, dans les Vallées du Missouri ou de l’Arkansas.
«Les Blancs leur firent signer des traités pour s’installer chez eux, mais n’en respectèrent pas les termes, ce qui provoqua les révoltes indiennes», relate le magazine Géo. «Entre 1866 et 1891, ils perdirent près de 4.000 combattants, tandis que 932 soldats américains furent tués et plus d’un millier, blessés.»
Cet article est paru dans le Télépro du 6/1/2022
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