Histoire d’infirmières : la persévérance en blouse blanche
Les «femmes en blanc» exercent un métier auquel toutes les pionnières ont instillé savoir, courage et détermination. Ce mercredi à 21h10, France 3 diffuse le documentaire «Infirmières : notre histoire».
Avant que le métier d’infirmière ou d’infirmier – du latin «infirmus» signifiant à la fois infirmité et refuge pour les pauvres -, n’apparaisse dans sa forme actuelle, les malades étaient soignés par des religieuses ou des moines dans les églises et monastères. Au XVIIIe siècle, dans les hôpitaux, services et hygiène laissent à désirer. En France, les Sœurs Augustines manquent de main d’œuvre. À Londres, les gardes de nuit boivent pour tenir le coup. Aux États-Unis, les aides-soignantes sont souvent des prisonnières réquisitionnées, sans grand savoir-faire.
La Dame à la lampe
Peu à peu, les premières soignantes instruites officient. Parmi elles, la scientifique et statisticienne Florence Nightingale est considérée comme l’initiatrice des soins modernes et d’un programme de formation pour les aspirantes, au milieu du XIXe siècle. Pour elle, ce métier est une belle opportunité d’indépendance pour les femmes. Observatrice, Florence détecte les problèmes clés. Et les solutions : éloigner chaque lit d’au moins un mètre, ventiler les lieux, désinfecter régulièrement les latrines. Elle établit des fiches pour chaque patient et note les causes du mal en cas de décès. Surnommée «la Dame à la lampe» pour sa surveillance nocturne des malades, elle aide un hôpital militaire en Turquie, durant la guerre de Crimée (1854). Quelques temps après son arrivée, le taux de mortalité des soldats anglais chute de façon stupéfiante, soulignant l’importance d’infirmières averties.
Le calme de l’âme
Aux USA, durant la Guerre de Sécession, Dorothea Dix, surintendante des infirmières de l’armée, établit aussi des normes strictes, exigeant que les bénévoles aient au moins 35 ans et un habit simple. Trois mille recrues travaillent sous ses ordres. Ses efforts conduisent, comme avec Nightingale, à un plus grand respect des nurses.
Une autre Britannique, Elisabeth Fry, fait ses classes dans les prisons et les foyers pauvres. Comme le décrira plus tard sa nièce, Fry apporte ses idées novatrices : «Elle leur montra que pour être une vraie infirmière, il faut le calme de l’âme, des manières distinguées et l’égalité de caractère.»
La Belgique a aussi ses pionnières. Jeanne Bastide, née à Bruxelles en 1815, devient Mère Providence en prenant le voile. Première Belge à entrer chez les Sœurs Hospitalières venues de France, elle assiste le Dr Damalix, chirurgien, et fait si bien les pansements que le médecin n’y touche pas ! Jeanne a un autre talent : arracher les dents avec une dextérité quasi indolore.
Marie et Edith
Au début du XXe siècle, c’est la soignante Marie Depage qui inscrit son nom à la postérité. En 1907, avec son époux le Dr Antoine Depage, fondateur de l’Institut chirurgical de Berkendael, elle ouvre une école d’infirmières (annexée à un institut médicochirurgical) dont la direction est confiée à Edith Cavell. Cette Anglaise, venue travailler chez nous, voit son destin basculer quand éclate la Première Guerre mondiale. N’écoutant que son cœur et son dévouement, elle soigne les soldats et aide certains d’entre eux à passer en Hollande, avec le réseau d’évasion de la princesse Marie de Croÿ.
Dénoncée en 1915, Edith ne ment pas quant à ses actions. Et est exécutée. Aujourd’hui, le Centre Médical Edith Cavell, sis au 37 rue Général Lotz à Uccle, accueille toujours de nombreux patients. On y croise bien sûr des infirmières…
Cet article est paru dans le Télépro du 23/11/2023
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