Héroïques dans l’échec

Eddie the Eagle © Getty Images

Peu doués ou malchanceux, ils ont marqué l’histoire du sport par leurs (contre-)performances.

«L’important c’est de participer», affirme la maxime souvent attribuée à Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes. Mais interrogez n’importe quel sportif de haut niveau, il est peu probable qu’il acquiesce… Certains athlètes ont pourtant marqué les esprits par leurs contre-performances. Avant la diffusion ce dimanche de la pièce «Vole Eddie, vole» (France 4 ce dimanche à 21.00), consacrée à l’un de ces perdants célèbres, petit tour d’horizon des échecs héroïques du sport…

Eddie the Eagle

Michael Edwards aurait dû devenir plafonneur, or il n’a qu’un rêve, participer aux Jeux olympiques. Drôle d’idée pour un Britannique, c’est vers le ski qu’il se tourne. Et pour augmenter ses chances, il mise sur le saut, l’équipe nationale ne comptant alors aucun pratiquant dans ses rangs… Surpoids, manque de moyens financiers… Son objectif est aussi beau qu’ambitieux. Le miracle se produit : il réalise les minima olympiques ! Calgary 1988 et ses supporters l’attendent : «Welcome Eddie the Eagle !» Dans un équipement emprunté (faute de pouvoir se le payer), l’aigle s’élance. Et termine bon dernier. Mais comblé. En tant que seul sauteur anglais, il établit forcément un nouveau record ! Aujourd’hui, la «règle Eddie the Eagle» empêche les amateurs de se qualifier…

Éric l’anguille

Sydney, 19 septembre 2000. Éric Moussambani, 22 ans, est sur le plot de départ du 100 m nage libre. Il n’a encore jamais fini une longueur dans une piscine olympique. Et ne se retrouve aux JO que grâce à une dérogation pour les pays en voie de développement. Coup de sifflet, faux départ de ses concurrents. L’Équato-Guinéen, sélectionné après avoir répondu à une petite annonce, plonge. Il termine péniblement, mais sous les encouragements, ses deux longueurs en 1’52’’, plus de deux fois le record olympique. Celui que la presse surnomme «l’anguille» n’a eu que quelques mois de préparation dans la piscine d’un hôtel. De retour chez lui, il s’améliore de presque une minute. Les Jeux d’Athènes ne lui passent sous le nez qu’à cause d’une erreur administrative. Pas rancunier, il devient sélectionneur pour l’équipe de Guinée-Équatoriale.

Papa poule

La carrière de Derek Redmond, athlète britannique spécialiste du 400 m, a été ponctuée de blessures et d’opérations. Pourtant, pour les Jeux de Barcelone en 1992, le coureur est confiant. Après un excellent début de course, c’est le drame : une déchirure musculaire le stoppe net. Au sol, il voit les autres le dépasser et son rêve olympique s’envoler. Redmond se relève et tente de terminer son tour de piste en pleurs et claudiquant. C’est alors que son père quitte les tribunes pour le soutenir et lui permettre d’achever sa course, ovationné par 65.000 spectateurs.

Rasta Rockett

Nombre de Jamaïcains n’ont jamais vu la neige. Pourtant, en 1988, quatre d’entre eux s’envolent pour le Canada pour la première participation de leur nation aux Jeux d’hiver, après seulement quelques mois de préparation aux épreuves de bobsleigh. Trois jours avant l’ouverture à Calgary, l’un des membres de l’équipe se blesse. C’est le frère d’un des concurrents restants, venu encourager son frangin, qui le remplace, sans jamais être monté dans un bob auparavant… L’équipe ne dispute que trois manches sur quatre. Après une chute, ils finissent la dernière à pied, poussant leur bob jusqu’à la fin de la piste. Ils ne se classent donc pas, mais remportent un succès médiatique considérable. Leur histoire inspirera le film «Rasta Rockett» (1993).

Cet article est paru dans le Télépro du 22/2/2024

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici