«H2O : l’eau, la vie et nous» (Arte) :
L’or bleu devient un bien rare et précieux, comme nous l’indique un documentaire à voir ce samedi à 20h50 sur Arte.
Solidement accroché aux rochers qui le portent, le château de Modave domine la vallée, majestueux. Au XVIIe siècle, il était l’élégante demeure de plaisance des comtes de Marchin. Aujourd’hui, c’est Vivaqua, la Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux, qui est maître des lieux. La raison ? Elle coule de source, 60 mètres plus bas, sous les prairies verdoyantes d’un parc paisible et silencieux. Son nom : le Hoyoux. C’est pour les sources de ce ruisseau que la compagnie bruxelloise des eaux est venue se perdre dans ce coin délicieux de la province de Liège.
Un peu d’histoire pour mieux comprendre. 1882 : le roi Léopold II lance un concours. La population augmente dans les villes, notamment à Bruxelles, et le souverain veut assurer l’approvisionnement de la capitale en eau potable. Et c’est Paul Van Hoegarden, propriétaire du château de Modave à l’époque, qui remporte le concours. Son projet est ambitieux : il prévoit de capter les sources du Hoyoux et d’acheminer les eaux jusqu’à Bruxelles.
Les travaux commencent en 1907 et en mai 1922, l’eau de Modave arrive dans la capitale, à Boitfort exactement, grâce à un aqueduc souterrain de près de 100 kilomètres. Aujourd’hui, il fournit quotidiennement entre 53.000 et 80.000 m³ d’eau : Modave est le plus important captage d’eau souterraine de Belgique.
Goutte à goutte
95 litres : c’est la quantité d’eau que chaque belge consomme en moyenne quotidiennement. Selon la fédération professionnelle des opérateurs d’eau belges, Belgaqua, cela représente chaque année 34 m³ pour une personne célibataire, 104 m³ pour une famille de trois personnes. Les chiffres d’Aquawal pour la Wallonie sont un peu plus élevés : 119 litres par habitant par jour.
La bonne nouvelle, c’est que ces chiffres sont en baisse, principalement parce que nos lave-vaisselle, lave-linge et autres WC à double chasse sont plus économes. Mais aussi parce que nous sommes plus attentifs, que nous utilisons des citernes d’eau de pluie pour arroser… Pour la petite histoire, douches et bains constituent le poste principal de notre consommation : 36 %. Juste devant les chasses d’eau : 31 %.
C’est à boire qu’il nous faut
Et l’eau en bouteille ? Les Belges en raffolent : 130 litres par an selon la Fédération royale de l’Industrie des eaux et boissons rafraichissantes (FIEB). Un chiffre en constante augmentation depuis 2013. Le Belge boit deux fois moins de bière et cinq fois moins de vin. Avec 75 % de la consommation, l’eau plate précède largement l’eau pétillante (25 %).
De Bru (Trois-Ponts) à Valvert (Gaume) en passant par Spa, Chaudfontaine, Ginstberg (Ardennes flamandes), le marché de l’eau minérale en Belgique se porte bien. Mais selon un rapport publié l’année dernière par le World Resources Institute (WRI), notre pays fait partie des pays «les plus à risque de pénurie en eau au monde». La Belgique occupe la 22e place, à égalité avec le Maroc. «Nous ne sommes pas prêts à faire face à de longues périodes de sécheresse», commentait la professeure d’hydrologie des eaux souterraines à la VUB, Marijke Huysmans, dans Le Soir.
En Wallonie, les niveaux des nappes souterraines sont bas. Des mesures sont prises, notamment la mise en place d’un «Dispositif sécheresse pour la Wallonie» (DSW) visant à «protéger les ressources hydriques naturelles et à limiter les usages de l’eau à l’aide de 18 mesures». La situation est encore plus préoccupante en Flandre.
Face à l’enjeu vital de l’eau, le nord du pays opte d’ores et déjà pour des sources d’approvisionnement alternatives. À Ostende, par exemple, une station d’épuration transforme l’eau salée en eau douce.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/11/2020
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