Gustave Caillebotte, maître et mécène
Vendredi à 22h55, France 5 consacre un documentaire à ce peintre français, le plus secret des impressionnistes.
Lorsque l’on aborde le sujet de l’impressionnisme, Gustave Caillebotte n’est, en général, pas le premier nom qui vient à l’esprit. Pourtant, les œuvres de ce peintre sont très reconnaissables. Et l’homme a aussi – largement – contribué financièrement à la pérennité du mouvement. Portrait.
Dans de beaux draps
Gustave Caillebotte voit le jour en août 1848, à Paris. Sa famille vit aisément grâce au commerce de draps. Une entreprise que le père du futur peintre fait prospérer durant la guerre franco-prussienne (1870-1871) en devenant le principal fournisseur de couvertures pour l’armée française.
Après le conflit, qui mobilisera Gustave durant quelques mois, un baccalauréat de droit en poche, le jeune homme s’en va rejoindre l’atelier du peintre Léon Bonnat avec l’intention d’intégrer les Beaux-Arts. En 1873, il est reçu au prestigieux concours, mais ne restera qu‘un an dans l’établissement. Il y fera la connaissance de Claude Monet. L’année suivante, le père de Gustave Caillebotte décède, laissant à ses quatre fils et à sa veuve un héritage considérable.
Esprit de bande
À peine devenu rentier, Gustave contribue à l’organisation de la première exposition des peintres impressionnistes. S’il n’y présente pas son travail personnel, il tente tout de même de trouver une légitimité en tant qu’artiste auprès de ses pairs en soumettant son désormais célèbre « Les Raboteurs de parquet » au Salon de la peinture et la sculpture. Le jury refuse l’œuvre du jeune bourgeois. Gustave Caillebotte décide alors de se joindre définitivement au mouvement de ses amis impressionnistes et n’exposera plus qu’à leurs côtés. Comme tous ne sont pas dotés de la même bonne étoile financière, il devient l’un des meilleurs acheteurs de ses confrères, acquérant des Monet et autres Pissaro a des prix très généreux, quand il ne finance pas leurs expositions. « C’est lui qui rendra possible l’organisation d’une troisième exposition impressionniste en 1877 », indique le site des Beaux-Arts, « dont il paie pour la publicité et même la location d’un appartement-écrin. »
Legs inédit
En 1876, le décès inattendu de son petit frère René, à 26 ans, pousse Gustave à rédiger son testament, convaincu« qu‘on meurt jeune dans notre famille ». Il prend alors des dispositions inédites afin de léguer à l’État la collection de tableaux impressionnistes qu’il a commencé à rassembler. Et désigne Auguste Renoir comme exécuteur testamentaire, exigeant « que les œuvres ne soient reléguées « ni dans un grenier, ni dans un musée de province » mais « soient exposées au musée du Luxembourg et plus tard au Louvre ». », précise France Culture.
Le triste pressentiment de Caillebotte s’avérera exact : en 1894, à 45 ans, il succombe à une congestion cérébrale tandis qu’il peint dans son jardin. À sa mort, comme prévu, l’État reçoit plus de soixante peintures et dessins. Mais tout le monde ne voit pas d’un bon œil ce « legs Caillebotte », synonyme de l’entrée des impressionnistes dans les collections officielles. « À l‘issue de longues et laborieuses discussions entre les héritiers, Auguste Renoir et l’administration des Beaux-Arts, un compromis est finalement trouvé : une extension du musée du Luxembourg sera construite spécialement pour les accueillir », détaille France Culture. L’État n’acceptera toutefois que la moitié des œuvres léguées, le reste sera vendu et dispersé à travers le monde par ses héritiers.
Reconnaissance tardive
Comme il a longtemps été associé au mouvement impressionniste uniquement en sa qualité de mécène, le talent de Gustave Caillebotte en tant que peintre est mis à l’honneur pour la première fois en 1976, outre-Atlantique, où des spécialistes l’adoubent comme l’un des impressionnistes les plus innovants. Il faudra attendre 1994 pour que Paris lui consacre une exposition d’envergure, au Grand Palais.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/10/2024
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