Guerre des sexes : un mythe démodé !
Hommes et femmes seraient différents, les uns étant plus forts, mais bagarreurs, et les autres plus douces, mais trop émotives. Vraiment ?
Aujourd’hui encore, une majorité pense que dames et messieurs sont opposés dans leurs sentiments, loisirs, aptitudes physiques et professionnelles. Mercredi à 17h10, «Xenius» s’offre un «cinq-à-sept» édifiant sur Arte. Pour observer Adam et Ève d’un œil plus moderne.
Sujet brûlant
Sans doute est-il temps d’archiver le livre de John Gray, «Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus» (1992). Car même si la différence des sexes reste un sujet brûlant, nombre de clichés sont obsolètes.
Selon une étude de la psychologue Janet Shibley Hyde, hommes et femmes, de l’enfance jusqu’à l’âge mûr, sont plus semblables que différents ! Bien sûr, il reste des évidences : un physique plus musculeux chez les mâles, qui seraient plus compétents dans les tâches manuelles, alors que les frêles filles auraient plus d’aisance communicative et une mémoire davantage précise.
Les psychologues conviennent que ces spécificités des cerveaux masculins et féminins sont innées. Mais Hyde ajoute : «Tout être humain peut avoir ces qualités ou les acquérir. En clair, il n’y a pas de sexe plus intelligent.»
Mauvaises influences
Aussi, pourquoi penser le contraire et s’enferrer dans des débats manichéens ? Interférences scientifiques, sociales et médiatiques brouillent les cartes. Comme le dit la journaliste scientifique Angela Saini : «La plupart des chercheurs masculins, dont Darwin, ont émis l’hypothèse que « les dames étaient moins malignes que les messieurs, le sexe le plus faible, etc. » en fonction de leurs propres préjugés !
Par ailleurs, notre société est très sexuée. Les modèles « mecs-meufs » dans les médias perpétuent de fausses idées. Les légendes urbaines qui en résultent affectent les rôles au travail, à la maison, sur le plan parental et sentimental.»
Afin d’illustrer ce prisme déformant, Janet S. Hyde a soumis des volontaires à un questionnaire sur les clichés (extraversion, compassion, politesse, sensibilité, droiture, égoïsme, abnégation, etc.). Tous et toutes ont été informés, au préalable, qu’ils et elles ne seraient pas identifiés comme homme ou femme. Résultat : aucune de leurs réponses ne s’est avérée conforme aux stéréotypes sur leur sexe. Plus étonnant encore : certaines dames sont apparues plus agressives et certains messieurs, plus passifs !
L’hormone à risque
Voilà qui bouleverse maintes certitudes. Même les idées préconçues sur la testostérone – l’hormone mâle dite «à risque», coupable de tout : violences sexuelles, crises financières, guerres – sont désormais revues et corrigées. Présente aussi chez les filles, cette substance varierait tout simplement selon la saison, la santé, les relations, le statut parental, l’âge, les émotions et l’heure de la journée.
Cordelia Fine, neuropsychologue et auteure de «Testosterone Rex» (Prix du livre scientifique 2017, Royal Society) précise : «Lorsqu’une personne, quel que soit son sexe, prend soin d’un tiers, un enfant ou un animal, l’ocytocine, l’hormone du lien, s’accroît, tandis que la testostérone diminue. Et quand vient une menace pour le statut ou le territoire, la testostérone augmente à nouveau.»
Cela suggère qu’«il ne faut jurer de rien», titre d’une pièce d’Alfred de Musset. Celui-là même qui écrivit dans «On ne badine pas avec l’amour» : «Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées (…) mais il y a au monde une chose sainte et sublime : c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux» !
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/6/2020
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