Guerre de Corée : le premier conflit de la guerre froide
En 1950, la Corée du Nord attaquait celle du Sud. 70 ans plus tard, le feu couve toujours. Ce mardi à 20h50, Arte revient sur ce conflit avec le documentaire «Corée, une guerre sans fin».
2 septembre 1945. Le cuirassé américain USS Missouri jette l’ancre dans la baie de Tokyo. Une délégation japonaise emmenée par le ministre des Affaires étrangères de l’Empire du Soleil levant monte à bord. Les mines sont graves. Le petit groupe de dignitaires nippons est là pour signer les actes de capitulation sans condition de leur pays.
L’instant est historique : il marque la fin de la guerre du Pacifique et avec elle, l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Mais entre les lignes de la reddition ratifiée ce jour-là, on peut déjà lire celles d’un prochain conflit international de grande ampleur. Elles vont s’écrire en lettre de sang à un millier de kilomètres de là, en Corée. Mardi soir, Arte revient sur cette confrontation qui fit entre 2 et 4 millions de victimes !
Le 38e parallèle
Petit retour dans le temps. 1910 : le Japon annexe la péninsule coréenne. Traités comme une sous-race par leurs occupants, les Coréens doivent principalement fournir à l’Empire nippon du riz et des matières premières, comme la laine et le coton. Lorsque le Japon capitule en 1945, la Corée se retrouve libre.
Libre ? Le terme est mal choisi. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, la péninsule devient l’enjeu d’un bras de fer entre l’Union soviétique et les États-Unis. Il se joue autour du 38e parallèle qui devient la ligne de démarcation entre les troupes qui occupent le pays : l’URSS au Nord, les États-Unis au Sud. Une occupation qui s’est opérée en deux temps.
En août 1945, Staline déclare la guerre au Japon. Les troupes de l’Armée rouge entrent en Corée et occupent Pyongyang. En septembre, c’est au tour des Américains de débarquer dans le sud du pays. De part et d’autre du 38e parallèle, les séances de musculation commencent.
L’escalade
En juillet 1948, la République de Corée voit le jour à Séoul. Elle est soutenue et reconnue par les États-Unis et les Nations unies qui voient en elle la seule représentante officielle de la péninsule coréenne. Deux mois plus tard, la République de Corée du Nord est proclamée à son tour.
Dirigée par Kim Il-sung, son gouvernement communiste est soutenu par la Russie. Officiellement, les troupes russes et américaines se retirent du champ des opérations. Dans la pratique, la tension ne cesse de croître et les deux superpuissances s’affrontent dans les prémices d’une guerre froide de plus en plus incandescente. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1950, c’est l’explosion. 600.000 militaires nord-coréens franchissent la ligne de démarcation du 38e parallèle. Trois jours plus tard, ils prennent Séoul, la capitale de la Corée du Sud. Cette attaque éclair a pour objectif une conquête de la péninsule en un temps record pour empêcher toute réaction des États-Unis. Raté. En octobre, les forces de l’ONU, dirigées par les Américains, ont repoussé les troupes nord-coréennes au-delà du 38e parallèle.
Le conflit se complique avec l’entrée en lice d’un troisième larron. Emmenée par son président Mao Zedong, la République populaire de Chine se joint aux Nord-Coréens. Elle jette massivement ses forces dans la bagarre : plus d’un million de volontaires chinois participent désormais aux combats.
Une guerre sans fin
De contre-attaque en contre-contre-attaque, le conflit s’enlise. Le 27 juillet 1953, il trouve son épilogue officiel : les Américains et les Soviétiques reconnaissent l’existence de deux pays distincts. La guerre fait deux millions de morts parmi la population civile. Elle enterre aussi le rêve d’une Corée une et souveraine.
Quant à la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique, elle n’en est à l’époque qu’à ses prémices. La rivalité entre les deux Corées aussi. Près de 70 ans après le début du conflit, la Corée du Nord et son dirigeant actuel, Kim Jong-un, n’ont pas fini de bomber le torse. Le mois dernier, ils tiraient plusieurs missiles de croisière pour montrer toute leur force.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 14/5/2020
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