Goûtons voir si le vin est fort !

Hugo Clément détaille les menaces qui planent sur les vignobles français © France 5/Winter Productions
Giuseppa Cosentino Journaliste

Depuis plusieurs années, le vin rouge français est de plus en plus alcoolisé.

C’est l’un des constats de l’enquête de «Sur le front», diffusée sur France 5 ce lundi à 21h, qui lance l’alerte sur les conséquences du réchauffement climatique. Après la sécheresse de cet été, voire la canicule et les incendies dans certaines régions de France, les viticulteurs craignent pour leurs vignes.

In vino catastrophe

«J’ai été surpris, en achetant du vin, de voir que certaines bouteilles que je consommais depuis longtemps étaient de plus en plus alcoolisées», observe le journaliste Hugo Clément. Et d’incriminer les conditions climatiques : «Plus il y a du soleil, plus le raisin se gorge en sucre, plus le vin est alcoolisé.»

Plus le vin est alcoolisé, plus il sera «lourd» en termes de dégustation et manquera d’acidité. Or, comme le rappelle le quotidien Ouest-France, «l’équilibre d’un vin rouge s’effectue entre alcool, acidité et tanins (seulement alcool et acidité pour un vin blanc). Un vin où l’acidité viendra contrebalancer le niveau d’alcool sera bien plus agréable en bouche.»

Face à cette fatalité, les viticulteurs tentent de s’adapter. «Certains commencent à irriguer leurs vignes», nous apprend France 5. Ce qui n’est pas autorisé pour bénéficier des appellations d’origine contrôlée (AOC)… «D’autres trichent, soit en ajoutant de l’eau dans le vin, soit en vendant du vin plus alcoolisé que ce qui est indiqué sur l’étiquette.» Et de souligner que «les vins que l’on boit ont souvent 0,5 degré de plus d’alcool que ce qui est annoncé sur l’étiquette».

Aux États-Unis aussi, les méthodes sont extrêmes comme… recourir à d’anciens hélicoptères de l’armée ayant eu une première vie en Irak ou en Afghanistan pour les transformer en… bombardiers d’eau. Plus soucieux de la pénurie d’eau, des Français ont trouvé une solution toute simple : produire le vin en montagne ou s’expatrier… en Belgique, le pays de la bière !

Petite histoire du vin

L’existence de la vigne remonte à des temps très anciens : jusqu’à -45 à -55 millions d’années, d’après les restes de vignes fossilisés retrouvés en Champagne. Mais les débuts de la viticulture datent de 7.000 ans av. J.-C. Les historiens situent traditionnellement le berceau du vin en Arménie.

Dès le IIIe millénaire avant notre ère, les Égyptiens maîtrisent parfaitement le procédé de vinification et le transmettent aux Grecs. Entre -1500 et -500, ces derniers répandent la culture de la vigne à l’ensemble du bassin méditerranéen, notamment en Italie, puis en Gaule. À la chute de l’Empire romain, l’Église maintient le procédé dans ses diocèses et commercialise le breuvage.

Au Moyen Âge, tout le monde boit du vin, y compris les enfants. Ce vin a une particularité : il est coupé à l’eau ! Cette «hérésie», héritée de l’Antiquité, s’estompe peu à peu. Avec la colonisation, la vigne se répand dans le monde. Et notamment sur le continent nord-américain à qui l’on doit le salut de nos cépages.

Au XIXe siècle, le phylloxéra, un insecte ramené par inadvertance du Nouveau Monde, détruit tous les pieds de vigne du sud de la France. Le vignoble européen sera alors sauvé par l’importation de plants américains qui, curieusement, n’étaient pas au goût du puceron destructeur. Ainsi, le vin français aurait donc des racines américaines…

Consommation

Le Belge boit en moyenne 26 litres de vin par an. «Soit un demi-litre par semaine et par personne», calcule la plateforme d’AD’OCC. Un chiffre en hausse, surtout à Bruxelles, qui enregistre une consommation de 34 litres par habitant. Bien en dessous, cependant, de nos voisins français, affichant un score de 44 litres… Si la Belgique francophone reste la championne de la boisson au raisin, c’est la Flandre qui a connu la plus forte progression : «Un doublement en 20 ans», précise le site.

Autre différence : «Les Flamands sont très attirés par les vins du monde entier, contrairement aux Wallons, plus conservateurs, qui préfèrent majoritairement les vins français.» Au palmarès de nos palais : le vin rouge ! «Néanmoins, ce penchant pour le rouge laisse peu à peu la place aux blancs et surtout aux rosés», tempère l’agence d’économie AD’OCC.

La raison ? La préférence du vin blanc dans les zones néerlandophones «qui représente 42 % de leurs achats contre 27 % en Wallonie». 

Cet article est paru dans le Télépro du 15/9/2022

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