Furries en folie : une seconde vie à poil !

Né dans les années 1960, le mouvement Furry aurait connu un engouement avec la sortie du «Robin des bois» de Disney et ses animaux anthropomorphiques © Getty Images

Leur passe-temps favori est de se déguiser en animaux imaginaires aux comportements humains : les poilus sont parmi nous ! Ce samedi à 19h50 sur RTL-TVI, le magazine «I comme» s’intéresse à ce phénomène.

Debout sur ses pattes arrière, un tigre blanc se pavane devant la caméra du média en ligne français Brut. Le suspense ne dure pas longtemps. En fait d’animal aux longs poils immaculés, à la tête menaçante et aux yeux effrayants, il s’agit d’un jeune homme déguisé ! Valentin a choisi de désormais se faire appeler Liguarm lorsqu’il enfile son costume d’animal au comportement humain. Depuis plusieurs années, il fait partie de la communauté des «furries».

Dans le monde, ils seraient plus de 2 millions de «poilus» à avoir opté comme lui pour un animal totem anthropomorphique. «C’est un personnage qui pourrait nous correspondre. Ça nous permet de nous évader du monde réel».

Du Roi Léo à Robin des bois

Le mouvement a débuté à la fin du XXe siècle. Traduit en français, l’adjectif anglais «furry» (de «fur», fourrure) signifie «à poils» lorsqu’il s’agit d’animaux, mais aussi «ce qui ressemble à de la fourrure» ou «en peluche».

Au début des années 1980, le Fandom furry regroupe des fans d’animaux anthropomorphiques : l’enveloppe extérieure est celle d’un animal (réel ou imaginaire), le caractère, les émotions et la gestuelle sont humains. Il semble admis qu’un manga des années 1960 est à l’origine des premiers soubresauts du mouvement. Son nom : «Le Roi Léo».

Mais c’est un dessin animé de Walt Disney qui donne le coup de pouce nécessaire à l’engouement. En 1973, «Robin des bois», dont le personnage principal est un renard, va pousser quantité de personnes à sortir du bois et à s’identifier à ces animaux. Femmes et hommes super admirateurs se regroupent alors sous l’appellation «furry» (furries au pluriel).

Leur animal totem parle, s’habille comme un humain, vit comme un humain… C’est un «fursona». Et parfois, pour mieux entrer dans la peau de celui-ci, le furry se fait tailler un costume, une «fursuit». Mais ne confondez pas un furry avec un «cosplay». Un cosplay «incarne un personnage de manga, de film d’animation, de jeu vidéo, etc.» en imitant sa coiffure, ses vêtements… Le furry, lui, crée de toute pièce un personnage nouveau.

Conventions

Loin de vivre cette passion en solitaire, les furries la partagent. Liguarm (alias Valentin) est visible sous toutes les coutures sur Tik Tok. Via Internet certains se livrent aussi à des jeux de rôles, chacun y incarnant son fursona. Les rencontres existent aussi dans la vie réelle. En petit comité, on appelle cela un «furmeet» (voire un «furmiam» s’il s’agit d’un repas).

À plus grande échelle, il s’agit d’une convention. Celle-ci peut réunir jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Du 9 au 13 novembre prochain, l’une d’elles se tiendra à Bruxelles. «Pas besoin d’être poilu pour venir faire la fête avec nous !», peut-on lire sur le site. «La convention dure cinq jours et peut être appréciée de plusieurs façons : danser comme un fêtard, se prélasser, jouer à des jeux vidéo et jeux de société, assister à des panels ou participer à l’une des activités proposées».

Vous avez dit bizarre ?

Des hommes (ils constitueraient 80 % des furries) et des femmes qui passent leur temps à se déguiser en animal anthropomorphique ? Voilà qui peut sembler bizarre pour certains. «Je parle pour moi : je ne suis pas du tout une personne bizarre, j’aime l’anthropomorphisme», répond Valentin-Liguarm.

Et d’autres d’y voir l’expression d’un fantasme : «Le mouvement furry ne devrait-il pas être rangé dans la liste des paraphilies (troubles d’ordre sexuel) ?». Au Canada, une doctorante en psychologie a étudié la question. Le site Discover Magazine reprend ses conclusions : «Chaque membre rencontré se sentait à part et inadapté à la société en raison d’une particularité, comme un syndrome d’Asperger ou un tic nerveux».

Pour le reste, aucune réunion libertine à l’horizon chez les «poilus». Pas de quoi fouetter un chat…  

Cet article est paru dans le Télépro du 29/9/2022

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