Florence Nightingale, infirmière visionnaire
En attendant de découvrir, samedi à 20h50, le documentaire d’Arte «Florence Nightingale, la première des infirmières», retour sur l’existence de la «dame à la lampe» qui n’a eu qu’une ambition : sauver des vies.
Aérer les espaces, se laver les mains, isoler les malades… Des mesures qui nous sont familières. Mais au début du XIX e siècle, quand Florence Nightingale (1820-1910) les suggère, c’est une révolution. Avant-gardiste, elle a posé les bases du métier d’infirmière moderne.
Vocation
Florence Nightingale est née le 12 mai 1820 dans une famille de la haute société anglaise. Ses parents la destinent à une belle vie d’épouse dans l’Angleterre victorienne. Mais la jeune fille a d’autres rêves. À 16 ans, elle reçoit un «appel au devoir» de Dieu. Elle sera infirmière. Mais à l’époque, travailler dans un hôpital est loin d’être une pratique digne de son rang. Sa famille s’oppose à ses ambitions et, pour lui changer les idées, l’envoie en voyage à travers l’Europe.
Formation
De passage près de Düsseldorf, Florence s’arrête à Kaiserswerth. Elle y découvre l’ordre des diaconesses, des femmes se vouant au soin des malades. C’est une révélation. Elle y revient en 1851 pour suivre une formation de trois mois. L’année suivante, elle retourne à Londres et est engagée comme surintendante d’un petit hôpital. Excellant dans les mathématiques, elle étudie les statistiques et démontre que le taux de mortalité des malades est plus important dans les hôpitaux qu’à domicile. C’est alors qu’une lettre du ministre de la Guerre lui parvient.
Hygiène
À l’hôpital militaire de Scutari, en Turquie, les soldats de la Guerre de Crimée (1853-1856), opposant l’Empire ottoman et ses alliés – la France et la Grande-Bretagne – à la Russie, meurent les uns après les autres. En 1854, avec une armée de 34 nurses, Florence rejoint les troupes. Sa conclusion est sans équivoque : la plupart des hommes ne succombent pas à leurs blessures, mais à des infections. Elle n’a alors qu’un mot d’ordre : l’hygiène ! Elle fait laver la caserne, insiste sur l’importance d’avoir les mains propres et fait nettoyer les draps. Sa formule est magique, l’état de santé des soldats s’améliore. La Grande-Bretagne est rassurée, la dame à la lampe, jours et nuits, veille sur ses garçons.
Santé publique
Le 30 mars 1856, le Traité de Paris signe la fin de la guerre. La prochaine bataille de Miss Nightingale ? Les hôpitaux publics. Convaincue que tout commence avec un personnel soignant de qualité, elle fonde la première école de soins infirmiers, à l’hôpital St Thomas de Londres. Et publie «Notes on Nursing». Son ouvrage, traduit dans onze langues et toujours édité, pose les bases du métier de soignant : soin, empathie et considération du malade.
Femme d’influence
Sa réputation traverse l’Atlantique. Quand la Guerre de Sécession (1861-1865) éclate aux États-Unis, Abraham Lincoln lui-même s’en remet à son expertise. Convaincus par ses recommandations, les États-Unis créent des écoles fondées sur les principes de Nightingale. Dirigés par des infirmières anglaises, ces centres de formation se multiplient dans tout le pays. Et des milliers de soignantes prêtent, depuis 1893, le «Nightingale Pledge», inspiré du serment d’Hippocrate des médecins, pour valider leur formation.
Mérite et médaille
En 1907, elle est la première femme à recevoir l’Ordre du Mérite. Malade depuis de nombreuses années, elle s’éteint trois ans plus tard, à 90 ans. Elle est enterrée dans le cimetière familial, ayant refusé les funérailles nationales à l’Abbaye de Westminster. Depuis 1912, la médaille Florence Nightingale, plus haute distinction internationale pour les infirmièr(e)s, récompense celles et ceux qui se sont distingués par leur courage et leur dévouement.
Cet article est paru dans le Télépro du 17/2/2022
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici