Fin de l’URSS : l’ours est mort ce soir

Extrait du documentaire «Goodbye, URSS», diffusé ce mardi à 22h35 sur Arte © Arte/LOOKSfilm/Erick Schimschar

Il y a trente ans, l’URSS se disloquait. Ce mardi dès 20h50, Arte consacre quatre documentaires à la chute de ce géant.

«Nous, Républiques de Biélorussie, Fédération de Russie et Ukraine, en tant qu’États fondateurs de l’URSS en 1922 (…) constatons que l’URSS en tant que sujet du droit international et réalité géopolitique n’existe plus.»

Le 8 décembre 1991, Boris Eltsine, le président de la Fédération de Russie, conclut avec ses homologues ukrainiens et biélorusses les accords de Minsk. Les trois hommes signent ainsi l’arrêt de mort de l’Union des Républiques socialistes soviétiques.

L’URSS est morte, vive la CEI, la Communauté des États indépendants. Un véritable séisme géopolitique vient de se produire à l’Est. Symbole du pays, l’ours s’effondre, terrassé : la face du monde est bouleversée.

Glasnost et pérestroïka

Des signes avant-coureurs annonçaient cette formidable secousse depuis plusieurs années. Ils prennent les traits d’un homme : Mikhaïl Gorbatchev, dernier président de l’Union. À l’époque, c’est un homme dynamique au regard vif qui occupe le devant de la scène.

Gorbatchev a 54 ans quand il devient Secrétaire général du comité central du PCUS, le Parti communiste de l’Union soviétique, en 1985. Pour relancer un pays en proie à de gigantesques problèmes économiques, il lance «la pérestroïka», la reconstruction. Son programme vise à restructurer la vie économique et sociale de l’Union soviétique. Un programme qui va de pair avec la «glasnost», la transparence, synonyme de (un peu) plus de liberté et d’accès à (un peu) plus d’informations pour la population.

Quand le mur de Berlin tombe en novembre 1989, il sait que c’est tout le bloc de l’Est qui est en train de s’effondrer. Échec des réformes économiques, tensions nationalistes : deux ans plus tard, tout est dit. Apprécié à l’Ouest, impopulaire dans son pays, Mikhaïl Gorbatchev, quitte la scène. Le 25 décembre 1991, il démissionne de son poste de président de l’État soviétique.

Matriochka

Comme pour une poupée russe, chaque conséquence de cette dislocation en cache une autre. Ce qu’il reste du pays doit faire face à une grande période d’instabilité politique. Déjà chancelante, l’économie pique du nez. La pauvreté est galopante, les inégalités sociales flagrantes.

C’est aussi la fin de la guerre froide : plusieurs anciens pays du bloc de l’Est, membres du Pacte de Varsovie, passent à l’Ouest avec armes et bagages. L’Union européenne et l’Otan les accueillent, les États-Unis sont les maîtres du monde.

D’un empire à l’autre

Pourtant, tel le phœnix, l’empire tente de renaître de ses cendres. Bien que plus petite (17 millions de km² contre près de 22 millions) que l’empire soviétique, la Russie reste le plus grand pays du monde. À sa tête, un homme incontournable : Vladimir Poutine.

Élu à la présidence du Soviet suprême russe en 2000, il souhaite avant tout «restaurer la verticalité du pouvoir» dans son pays et le remettre en bonne place sur l’échiquier mondial. Une nouvelle loi lui permet de se représenter pour deux nouveaux mandats présidentiels et lui garantit l’immunité à vie. Jusqu’en 2036, il devrait donc rester à la tête d’un pays à l’économie qualifiée de «fragile» par l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe.

Tandis que les tensions avec les États-Unis et l’Union européenne sont palpables, le sentiment nationaliste ne cesse de se développer en Russie. Vladimir Poutine rêve-t-il de restaurer l’empire ?

Dans un livre intitulé «Le Jour où l’URSS a disparu», Andreï Gratchev, ancien porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, répond à la question : «Après vingt années de pouvoir, il est préoccupé par le maintien de son système et la reconstruction du statut de ce pays comme un pôle d’influence reconnu dans le monde», déclare-t-il sur France Culture. «La recherche d’une revanche historique peut prendre la forme de la recherche de la reconstruction de l’empire. Même si on ne vit plus à l’époque des empires. Et il doit en être bien conscient.»

Cet article est paru dans le Télépro du 9/12/2021

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