Femmes pilotes : pas d’aviation sans elles !

Hélène Dutrieu fut la première Belge et la deuxième femme au monde à décrocher son brevet de pilote ! © Isopix

Parmi les «fous volants» du début du XIX e siècle, il y avait quelques femmes. Notamment une Belge intrépide : Hélène Dutrieu (1877-1961).

«Voler, c’est merveilleux. Mais que ne suis-je un homme…» Dixit Maryse Bastié. Ce nom ne vous dit rien ? Vous connaissez pourtant Blériot, Mermoz, Lindbergh… Un siècle après leurs exploits, personne n’a oublié les pionniers de l’aviation.

Mais qui se souvient de Maryse Bastié (1898-1952), Hélène Boucher (1908-1934) ou Adrienne Bolland (1895-1975) ? Elles aussi ont pourtant défié la pesanteur à bord de drôles d’engins volants. Dimanche à 22h25, France 5 les met à l’honneur avec le doc «Le Ciel est à elles».

La flèche humaine

Des pionnières ? Sans doute. Mais il faut attendre les années1920 pour que ces trois Françaises décrochent leur brevet de pilote. Alors qu’une Belge l’a obtenu dès 1910 ! Elle s’appelait Hélène Dutrieu. Née à Tournai en 1877, Hélène est une sportive dans l’âme. Elle commence par se passionner pour le vélo. À20ans, elle gagne le championnat du monde de vitesse sur piste, organisé à Ostende. Elle bat aussi le record du monde de l’heure ! On la surnomme «la flèche humaine»…

Une tête brûlée

À l’époque, les spectacles de music-hall sont en vogue. Hélène Dutrieu est recrutée par l’un de ces cabarets parisiens pour un numéro d’acrobatie sur roues. La jeune femme n’a pas froid aux yeux. Lorsqu’un de ses amis cyclistes, reconverti dans les avions, lui propose de venir tester son invention, elle accourt. On est en 1908. L’aviation n’en est qu’à ses balbutiements. Hélène se fait expliquer brièvement le fonctionnement de l’appareil, puis elle se lance. Le vol dure 8secondes… et se termine en crash ! Mais cela donne à la jeune femme le goût de voler.

Mortelle aventure

Le 25novembre 1910, Hélène Dutrieu obtient son brevet de pilote. C’est la première femme belge et la deuxième femme au monde à pouvoir s’en targuer. L’aventure n’est pas sans risques et elle le sait. En cette année 1910, pas moins de 27 aviateurs sont morts de leur passion. Hélène elle-même l’a échappé belle lors d’un meeting à Odessa, en Russie : son avion a heurté la cheminée d’une isba. Qu’à cela ne tienne. Elle multiplie les meetings et les compétitions. C’est souvent la seule femme en lice, mais elle ne s’en laisse pas conter. Ainsi, en 1911, lors d’une course de vitesse en Italie, bat-elle ses quatorze concurrents masculins. Hélène Dutrieu décroche un à un tous les records : vitesse, distance, altitude, durée de vol.

«C’est un héros !»

En 1913, le gouvernement français décerne à Hélène Dutrieu la Croix d’officier de la légion d’Honneur. Un journal de l’époque écrit : «Saluez, Messieurs, c’est un héros !» Quand éclate la Première Guerre mondiale, il est évident que la jeune Belge ferait une excellente recrue pour l’armée. Les aviateurs sont rares et peu lui arrivent à la cheville. Mais en 1914, l’armée ne recrute pas les femmes. On l’oriente vers la Croix-Rouge… Hélène Dutrieu se rangera définitivement des avions après-guerre pour se marier et devenir journaliste. Elle mourra en 1961, à 84ans.  

Cet article est paru dans le Télépro du 4/3/2021

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