Femmes et guerrières
L’image du viking grand, barbu et musclé, n’est en réalité qu’un stéréotype de notre société actuelle.
Samedi soir, Arte propose une soirée spéciale «viking» avec la diffusion de deux documentaires. «Les Guerrières vikings» (20.50) retrace les aventures imaginaires, mais documentées, d’une combattante. «Le Guerrier était une femme» (21.45) dépoussière nos idées reçues sur le rôle des femmes dans la société viking. Deux œuvres inspirées d’une découverte surprenante…
Erreur de sexe
Une étude publiée dans l’American Journal of Physical Anthropology chamboule la représentation du Viking que l’on se fait au XXIe siècle. À première vue, cette société était dominée par les hommes. Il n’en est rien ! Une tombe remplie d’armes (épée, couteau, lance, flèches et bouclier) et de deux squelettes de chevaux, découverte à la fin du XIXe siècle sur le site archéologique de Birka, dans le sud-est de la Suède, a été longtemps attribuée à un grand guerrier viking. Elle est en réalité la sépulture d’un corps présentant des caractéristiques féminines, comme la dimension spécifique des os pelviens et mandibulaires. La chercheuse Charlotte Hedenstierna-Jonson de l’université d’Uppsala a finalement révélé que l’ADN était composé d’un double chromosome X, celui d’une femme relativement grande. Une guerrière et stratège puisque «sur ses cuisses se trouvaient des pions, ce qui suggère qu’elle était une tacticienne et une meneuse.» Son collègue Mattias Jakobsson, responsable du Département de biologie, s’enthousiasme : «Il s’agit de la première confirmation formelle par la génétique de l’existence des guerrières vikings !» Mais pourquoi, jusque-là, le genre féminin de ce «grand guerrier viking» n’avait-il jamais été envisagé ? Parce qu’il était inimaginable pour les archéologues et historiens de l’époque qu’une Viking puisse avoir eu un haut rang. Pourtant, de nombreux ouvrages évoquent l’existence de femmes vikings combattant côte à côte avec les soldats de sexe masculin.
La skjaldmö
Armées d’un bouclier, les skjaldmös sont des femmes guerrières de la mythologie nordique. À ne pas confondre avec les Valkyries, qui accompagnent les âmes des guerriers au Valhalla, royaume des morts. Considérées comme des héroïnes dans des ouvrages scandinaves comme la «Saga de Hervör et du roi Heidrekr» (saga islandaise), les skjaldmös font aussi l’objet de plusieurs rôles sur petit et grand écran. La plus populaire d’entre toute ? Lagertha, première épouse de Ragnar Lodbrok, roi semi-légendaire de Suède et du Danemark (entre 750 et 850). L’histoire de cette femme de poigne est connue par le biais de «La Geste des Danois», écrite vers 1200 par l’historien médiéval Saxo Grammaticus. L’auteur dit qu’«elle est une amazone très douée, qui, malgré le fait qu’elle était une femme, avait le courage d’un homme, et combattit parmi les plus braves». En effet, Lagertha faisait partie de la cour du roi Siward et a combattu lors de l’invasion de la Norvège par le roi Frø de Suède. Cette femme courageuse a inspiré le personnage de Lagertha Lothbrok, dans la série «Vikings» (La Deux/Netflix). C’est l’actrice canadienne Katheryn Winnick qui interprète la guerrière aux longs cheveux blonds, perpétuant ainsi son mythe…
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