Famille Ovitz : les nains du cruel Josef Mengele
Ils étaient sept et ils étaient nains. Mais aussi Juifs, en pleine Seconde Guerre mondiale… Si la fin est un «happy end», la vie de la famille Ovitz ne fut pas un conte de fées !
Samedi à 22h15, La Trois diffuse le documentaire «Par la grâce du diable», qui raconte l’incroyable histoire de la seule famille rescapée d’Auschwitz-Birkenau sans avoir perdu un seul de ses membres : les Ovitz, sauvés par leur particularité physique.
La troupe Lilliput
Dans la commune de Rozavlea, dans l’actuelle Roumanie, vit Shimshon Eizik Ovitz, né en 1868, un artiste spécialisé dans les mariages juifs et rabbin itinérant. Marié à deux reprises, l’homme a dix enfants, dont sept sont atteints de nanisme.
Douée pour la musique, la fratrie forme la troupe Lilliput et monte des spectacles musicaux. Pendant quinze ans, à travers toute l’Europe de l’Est, les nains chantent sur scène accompagnés de petits instruments, alors que le reste de la famille de taille normale s’active en coulisse. Leur succès est tel qu’ils se produisent même devant le roi Charles II de Roumanie.
En mars 1944, la Hongrie est envahie par l’Allemagne et, en mai, la famille est déportée à Auschwitz-Birkenau. Seul l’un des frères de taille normale échappe à la rafle, mais il est rattrapé et tué. L’avenir des Ovitz semble plus que compromis, les nazis ayant mis en place un plan d’extermination des handicapés mentaux ou physiques sous le nom de code Aktion T4. Mais leur particularité leur sauvera la vie…
L’ange de la mort
À sa sortie du train, la famille Ovitz attire immédiatement l’attention. L’ordre est donné : «Allez chercher le médecin !». C’est ainsi que «l’ange de la mort» entre dans leur vie. Josef Mengele, tristement célèbre pour ses nombreuses expériences «scientifiques» sur les détenus, est particulièrement intéressé par les jumeaux. Ses travaux sur l’hérédité doivent confirmer la doctrine nazie de la supériorité de la «race aryenne».
Fasciné par cette famille, Mengele les sauve tous de la chambre à gaz : les sept nains, les deux sœurs de taille normale, leur belle-famille ainsi que leur entourage. Vingt-deux personnes en tout. Les Ovitz rejoignent alors ses autres sujets d’étude. Autorisés à garder leurs propres vêtements, nourris et logés avec bien plus de «confort» que le reste des détenus. Mais ce «traitement de faveur» se paye cher.
Expériences atroces
Décidé à prouver que «la race juive» a dégénéré en un peuple de nains et d’infirmes, le docteur leur fait subir nombre d’atrocités : humiliations, prises de sang à répétition, prélèvement de moelle osseuse, de dents et de poils, pulvérisation d’eau bouillante puis glacée dans les oreilles, injection de produits chimiques dans les yeux…
Malgré ce traitement inhumain, le médecin a le don de charmer ses victimes, les sauvant à plusieurs reprises de la chambre à gaz et leur offrant vêtements, maquillage ou jouets. Le petit garçon d’une des sœurs Ovitz allant jusqu’à l’appeler «papa».
«Le diable le jugera»
Ils sont rares à être sortis vivants du laboratoire du tortionnaire. Mais ce fut le cas de toute la famille Ovitz ! Après la fuite de Mengele, à l’annonce de l’approche de l’armée soviétique et la libération d’Auschwitz le 27 janvier 1945 par celle-ci, la famille est d’abord envoyée dans un camp de réfugiés avant de retourner dans son village natal. Après un passage par la Belgique, ils s’établissent finalement en Israël où ils retrouvent avec succès le chemin de la scène avant d’ouvrir un cinéma.
Perla, dernière survivante de la fratrie, a déclaré avant de mourir, le 9 septembre 2001 à 80 ans : «Si les juges m’avaient demandé s’il devait être pendu, je leur aurais dit de le laisser partir. J’ai été sauvée par la grâce du diable. Dieu donnera à Mengele son dû…».
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 15/10/2020
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