Faire dodo, c’est gonflé !
Les humains passent un tiers de leur vie à dormir. Mais qu’en est-il pour la fourmi, l’oiseau ou l’éléphant ? Dormir est souvent compliqué et dangereux.
«T’as bien dormi ?» C’est la question rituelle du matin. Elle ne cherche pas tant à évaluer la nuit passée qu’à savoir si l’on est en forme pour affronter la journée. Car de la qualité de notre sommeil dépend la qualité de nos activités, notamment cérébrales.
Est-ce pareil chez les animaux ? Comment un chat endormi depuis des heures peut-il être sur le pied de guerre en une demi-seconde ? Les oiseaux dorment-ils ? Et les poissons ? C’est le sujet sur lequel se penche Arte, ce samedi à 23h50 avec le documentaire «Le Sommeil des animaux : une énigme pour la science».
Petits et gros dormeurs
Quel animal est le plus gros dormeur ? Contrairement aux croyances populaires, ce n’est ni le loir ni la marmotte ni le paresseux. C’est le koala. Il peut roupiller 18 à 20 heures par jour. À l’inverse, l’éléphant ne dort que 2 à 3 heures.
Cette différence considérable tient à leur régime alimentaire. Le koala se nourrit de feuilles d’eucalyptus qui ne lui donnent que peu d’énergie, mais nécessitent une longue digestion. Il vit donc en mode sieste. Alors que l’éléphant, qui consomme quotidiennement jusqu’à 250 kilos de végétaux, doit bosser nuit et jour pour trouver à manger en suffisance. Il n’a donc que très peu de temps pour dormir.
Lorsque les animaux vivent en captivité, on constate que leur temps de sommeil s’allonge. Le koala peut dormir jusqu’à 22 heures sur 24, et l’éléphant peut s’offrir de belles nuits de 7 heures. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont plus à se soucier de la nourriture : c’est l’homme qui la leur fournit. Et parce qu’ils n’ont pas à craindre pour leur vie…
Un œil et deux oreilles
Dans le confort de son habitat moderne, l’homme l’a oublié : dormir, c’est dangereux ! Notre cerveau lâche prise, notre vigilance est donc au plus bas, nous rendant vulnérables à tous les dangers qui guettent. Les animaux le savent : une fois endormis, ils sont à la merci des prédateurs.
Comment gèrent-ils cela ? Regardez les oies bernaches du Canada qui pullulent sur nos rivières. Lorsqu’elles dorment au milieu de l’eau, elles ferment les deux paupières. Mais si elles veulent piquer un petit somme sur la rive, là où un promeneur et son chien risquent d’arriver, elles ne ferment qu’un œil. C’est-à-dire qu’un hémisphère cérébral dort pendant que l’autre est en veille.
Bon nombre d’animaux ont ainsi un sommeil unihémisphérique. Notamment les mammifères marins, baleines ou dauphins. Si les deux hémisphères de leur cerveau dormaient en même temps, ces mammifères se noieraient. On l’observe clairement chez l’otarie, qui vit à la fois en mer et sur terre. Dans l’eau, elle ne dort que d’un seul hémisphère alors qu’une fois sur le rivage, tout son cerveau s’endort. Comme l’homme, l’otarie peut dormir sur ses deux oreilles.
L’invention de la télé
Toutes les espèces dorment. Même celles qui ne dorment pas vraiment. Comme les fourmis ou les poissons qui s’immobilisent par moments pour prendre du repos. Ou encore les oiseaux en migration qui font des micro-siestes de quelques secondes tout en continuant à voler.
Le sommeil est indispensable au bon fonctionnement du cerveau, et donc indispensable à la (sur)vie. Au fil de l’évolution, chaque espèce l’a simplement adapté à ses besoins et à son environnement. Si le chat dort beaucoup et se réveille d’un coup, c’est qu’il a conservé son instinct de chasseur.
Quant à l’homme, il a très longtemps adapté son sommeil en fonction du soleil. Depuis l’invention de l’électricité, l’apparition de la télé puis la multiplication des écrans, son temps de sommeil a diminué…
Cet article est paru dans le Télépro du 7/4/2022
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