Et l’aéropostale passa à la postérité…

Antoine de Saint-Exupéry à bord de son avion © Isopix

Synonyme d’aventure et d’exploits, la compagnie aérienne française fait toujours rêver.

Six ans ! Entre 1927 et 1933 : une période curieusement brève au regard de l’aura que son seul nom dégage encore, l’aéropostale ! Bien sûr, à côté de l’histoire, il y a la légende et ses figures glorieuses : Saint-Exupéry (1900-1944), Guillaumet (1902-1940), Mermoz (1901-1936)…

La mini-série «Black and White» (France 3 ce jeudi à 21h05) prend ce dernier pour point de départ de sa saga romanesque en quatre épisodes. En 1927, Jean Mermoz, après de multiples tentatives et accidents, pose son avion à Dakar au Sénégal. Pour la première fois, la métropole et l’Afrique sont reliées par avion. Les hommes, le courrier et les marchandises vont voyager plus vite. Les amours aussi…

Aux origines…

Si la Compagnie générale aéropostale naît officiellement le 11 avril 1927, l’idée est dans l’air depuis un bout de temps. Avec la Grande Guerre, l’aviation a percé un ciel européen jusque-là peu fréquenté. Pierre-Georges Latécoère a sa petite idée. L’entrepreneur français de 35 ans part d’un double constat : l’avion a fait ses preuves et le bateau démontré ses limites. Dans le transport du courrier notamment : un pli posté à Paris met près d’un mois pour traverser l’Atlantique, en Amérique du Sud. Pour gagner du temps, l’avionneur procède par sauts de puces.

1918 : vol Toulouse-Barcelone, via les Pyrénées, une première. Suivent d’autres destinations, africaines cette fois : Rabat, Casablanca, Dakar… Mais Latécoère a toujours Rio et Buenos Aires en ligne de mire et son projet s’abîme… En 1927, il jette le gant. Sa flotte et ses pilotes passent sous une autre aile protectrice, celle de Marcel Bouilloux-Lafont, un industriel français lui aussi mais vivant au Brésil. Il baptise son acquisition la Compagnie générale aéropostale.

Vols de nuit

Les avions ont évolué depuis leurs débuts sans radio ni techniques d’orientation. Peu l’importe : ses pilotent ne doivent pas avoir froid aux yeux et être capables de réparer en cas d’atterrissage forcé, se guider et voler de nuit. En 1928, l’objectif est atteint : une ligne relie Toulouse à Buenos Aires. Enfin, presque… L’avion fait la traversée entre l’Afrique et l’Amérique du sud en bateau ! Brésil, Bolivie, Chili… la liste s’allonge.

Pour gagner du temps, ni les montagnes ni l’obscurité n’arrêtent les pionniers : la cordillère des Andes est franchie, les vols de nuit voient le jour. Pourtant, avec 80 pilotes et trois fois plus de mécaniciens, 218 avions, 21 hydravions, l’aéropostale subit un revers fatal : la crise économique de 1929 conjuguée au refus du gouvernement français de soutenir ses finances ont raison d’elle. La suite de l’histoire s’appellera Air France et prendra son envol en 1933…

Tués en plein vols

De drôles de machines ont réalisé l’aventure, mais ce sont de merveilleux fous volants qui l’ont écrite. En 1931, délaissant un temps ses vols pour prendre la plume, Antoine de Saint-Exupéry écrit «Vol de nuit». Cette histoire d’un jeune pilote pris dans une tornade durant la liaison Paris-Buenos Aires lui vaudra de nombreux prix littéraires. Henri Guillaumet se met aussi à l’écriture.

«Terre des hommes» raconte son terrible accident et sa lutte pour survivre dans les Andes. «Ce que j’ai fait, je te le jure, aucun animal ne l’aurait fait», confiera-t-il à Saint-Ex.

Que dire alors de Jean Mermoz, auteur de «Mes vols» ? De ceux-ci, l’histoire retient, entre autre, que «l’archange» restera le premier à avoir relié l’Afrique (Saint-Louis) et l’Amérique du sud (Natal) en 21 h et 10 minutes ! Trois hommes, trois légendes. Jusque dans la mort, chacun aux commandes d’un avion. Leur mythe vit encore, comme celui de l’aéropostale…  

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 3/12/2020

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