Et la mousse fut !

Depuis la préhistoire, l'humain a eu recours aux mousses tant pour leurs propriétés mécaniques que chimiques © Getty
Alice Kriescher Journaliste

Apparues il y a 400 millions d’années, les mousses, comme celle qui envahit les interstices des trottoirs, sont les plus anciennes espèces végétales au monde.

Elle n’a l’air de rien lorsqu’on la croise durant une balade en forêt. Et pourtant, nous devons beaucoup à la mousse végétale qui, au fil de l’évolution, s’est dotée de propriétés étonnantes. Ce lundi 2 mars à 17h10, le magazine d’Arte, «Xenius», nous montre comment nous pouvons bénéficier de ses attributs hors du commun.

Il faut que tu respires

Au commencement, il n’y avait rien et puis il y eu… la mousse ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, la grande histoire de la vie sur terre aurait commencé avec la mousse végétale. C’est en tout cas ce qu’a révélé une étude américaine publiée dans les «Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences», en 2016. D’après les scientifiques, ce que l’on doit à la mousse que nous foulons nonchalamment, c’est tout bonnement l’oxygène ! La molécule vitale est d’abord apparue dans notre atmosphère durant la Grande Oxydation, il y a, peu ou prou, 2,4 milliards d’années. Quant à la hausse du niveau d’oxygène, tel que nous le connaissons aujourd’hui, elle date d’il y a environ 400 millions d’années. Pile au moment où la mousse débarque sur notre planète. Alors que de nombreux scientifiques attribuaient le boom de l’oxygène aux forêts en général, les observations américaines racontent une toute autre histoire. «En utilisant des simulations par ordinateur pour scruter le passé», relate un communiqué Belga, «les chercheurs ont estimé qu’il y a environ 445 millions d’années, le lichen et la mousse généraient potentiellement quelque 30 % de l’oxygène terrestre.» Une augmentation qui, toujours selon l’étude, «a permis à une vaste, mobile et intelligente vie animale, incluant les humains, d’évoluer». «C’est formidable de penser que sans l’évolution de la modeste mousse», poursuit l’un des coauteurs de l’étude, Tim Lenton, «aucun de nous ne serait là aujourd’hui».

Antipollution

Si la mousse a permis notre existence, elle pourrait bien nous aider à subsister en combattant l’ennemi de notre siècle : la pollution. «Depuis quinze ans, les enregistrements du niveau de métaux lourds dans les mousses partout en France permettent à des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale d’estimer la pollution de l’air en zone rurale et ses effets sur la santé», relate-t-on sur le site de France Inter. Et si la mousse végétale, plus précisément la variété sphaigne, est un si bon indicateur du niveau de pollution, c’est parce que cette dernière a la capacité d’absorber particules fines, gaz carbonique et dioxyde d’azote. Une particularité qui n’a pas manqué de stimuler l’imagination de start-uper allemands qui ont créé, en 2014, l’entreprise Green City Solutions. Cette dernière propose aux grandes villes d’agrémenter leurs rues d’un mur végétal capable de contenir les particules fines et le dioxyde d’azote présents dans l’air comme le feraient 275 arbres. Une invention qui a le mérite d’exister, mais que certains sont loin de considérer comme la solution miracle. À l’instar du BRAL, une association militant pour que notre capitale soit plus durable, interrogé par la RTBF. «C’est plutôt une innovation cosmétique. Il faut traiter la pollution à sa source et non pas de manière minime.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 27/2/2020

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