Estrémadure : joyau méconnu d’Espagne
Loin des playas et des costas, cette région ibérique dispose de nombreux atouts pour séduire les amateurs d’un autre tourisme. Ce lundi à 19h, Arte diffuse «Estrémadure, un paradis naturel en Europe».
Plus discrète que sa cousine castillane, moins flamboyante que sa voisine andalouse ou arrogante que sa parente catalane, l’Estrémadure a la beauté discrète et pudique de celles qui gardent leurs secrets. Cette région du sud-ouest de l’Espagne a beau être l’une des plus pauvres du pays, les atouts dont elle dispose ont de quoi séduire.
Écrin naturel
Parcs naturels et sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco sont autant d’appâts susceptibles de prendre dans leurs filets les plus exigeants touristes amateurs de nature et d’histoire. Des richesses aussi attrayantes que méconnues. Plus grande que la Belgique (40.000 km² pour 30.000) mais onze fois moins peuplée (1,05 millions d’habitants contre 11,5 millions), on pourrait presque croire que la timide communauté autonome d’Estrémadure se cache à l’abri de ses frontières avec l’Andalousie, la Castille et le Portugal.
Cacher quoi ? L’Estrémadure ne possède pas d’accès à la mer. Par contre, c’est la région d’Espagne qui dispose du plus grand nombre de kilomètres de littoral d’eau douce. C’est ce qui en fait un véritable verger au fil de paysages majoritairement vallonnés. Les steppes composées de prairies calmes et ouvertes abritent de nombreuses espèces d’oiseaux comme les geais bleus, les grandes outardes ou les busards cendrés.
Les dehesas sont elles aussi des prairies. Aux herbes des steppes y succèdent les chênes et aux oiseaux les animaux d’élevage mais aussi des grands rapaces comme les aigles ibériques et les vautours moines.
Terre de contrastes
Il y a aussi les marécages et les montagnes, notamment au nord avec la Sierra de Gredos et ses sommets qui culminent à 2.500 mètres. «Une terre de contrastes», synthétise l’Office du tourisme espagnol, «parcourue par deux grands fleuves : le Tage et le Guadiana. Très loin des grands ensembles touristiques de la Costa Brava, le tourisme estrémègne est un tourisme rural et d’isolement symbolisé par le Parc naturel de Monfragüe, le long du Tage, l’une des zones les plus importantes d’Europe pour les rapaces.»
Conquistadores
L’Estrémadure, c’est aussi un des berceaux de l’histoire espagnole. L’exploitation de gisements miniers et le développement de l’agriculture à l’époque romaine marque le véritable âge d’or de la région. La capitale, Mérida (classée au patrimoine de l’humanité), et ses nombreux trésors architecturaux en témoignent encore de nos jours. Aux Romains succèdent les Wisigoths, eux-mêmes supplantés par d’autres envahisseurs avant que la région ne soit dominée par les Arabes.
Une nouvelle période faste intervient au XVIe siècle grâce à deux grands conquistadores estrémègnes : Hernán Cortés, l’homme qui a découvert le Mexique, et Hernando Pizarro, qui a participé à la conquête de l’Empire Inca avec son frère Francisco. Les retombées de ces conquêtes seront toutefois très éphémères pour l’Estrémadure.
Joyaux
Aux côtés de Mérida, deux autres sites ont aussi été classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Dans la vieille ville de Caceres, entourée de murailles, on retrouve l’histoire des batailles entre les Maures et les chrétiens. S’y côtoient les styles roman, islamique, gothique du Nord et Renaissance italienne. Quant au monastère royal de Santa María de Guadalupe, il illustre quatre siècles d’architecture religieuse espagnole et rappelle deux événements historiques majeurs survenus en 1492 : la reconquête de la péninsule ibérique par les rois catholiques et l’arrivée en Amérique de Christophe Colomb.
Cet article est paru dans le Télépro du 6/10/2022
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