Entretien et rénovation : ça coûte, un pont !

Août 2018, Gênes, Italie. Le pont Morandi se coupe en deux. Bilan : 43 morts. © Isopix

En 2020, la Wallonie a dépensé 32 millions d’€ pour entretenir les ouvrages d’art équipant nos infrastructures publiques. Ce mardi à 17h45 sur Arte, le magazine «Xenius» se demande s’il est encore prudent d’emprunter un pont de nos jours…

Gênes, mardi 24 août 2018. Le pilier numéro 9 du pont autoroutier Morandi s’affaisse brutalement. L’ouvrage s’effondre et entraîne dans sa chute des dizaines de véhicules. Filmées avec un GSM, les images bougent dans tous les sens. Sous une pluie battante, on distingue le pont : il est coupé en deux. Une voix crie : «Le pont n’est plus là… Je ne vois pas de survivants.» 43 personnes sont tuées.

Trois ans plus tard, le parquet italien rend les conclusions de son enquête sur les causes de l’accident. Elles sont accablantes. Depuis l’inauguration en 1967, les contrôles de sécurité ont été «lacunaires et inadéquats», estiment les magistrats. En cinquante-et-un ans, le pilier défectueux n’a fait l’objet d’aucune maintenance pour renforcer ses haubans…

La Belgique sur le pont

À l’époque, chacun regarde dans son jardin et s’interroge : le drame pourrait-il se produire dans mon pays ? La Belgique n’échappe pas à la question et fait ses comptes. Près de 5.000 ponts en Wallonie, un peu moins de 3.000 en Flandre, 92 en Région Bruxelloise.

Une grande partie date des années 1970, plusieurs font l’objet de travaux de réhabilitation. Aujourd’hui, la surveillance et les travaux d’entretien se poursuivent.

(Re)Faire le pont

Pour s’en convaincre, petit coup d’œil sur quelques titres de la presse : «Bruxelles : 24 millions d’€ investis dans la rénovation de ponts et viaducs entre 2018 et 2021», «Tournai : le pont Notre-Dame en travaux pour tout le mois d’août. Montant total du chantier : 2,9 millions d’€».

À la Région wallonne, c’est notamment le travail de la Direction des Études des ponts, un des services du Service public de Wallonie (SPW) «Mobilité et infrastructures». «Nous assurons la conception et l’étude de projets de réhabilitation ou de construction», explique sa directrice Françoise Taquet. «Les directions territoriales gèrent les ouvrages. Elles effectuent des surveillances visuelles pour vérifier l’état des ponts. Si elles estiment qu’un problème risque de se poser, elles font appel à la Direction des expertises des ouvrages. Celle-ci réalise alors une inspection spécifique pour l’ouvrage concerné : carottage, vérification des joints de dilatation, etc.»

Crédit pont

En tout, 5.727 ponts (dont 43 % ont été construits entre les années 1960 et 80) figurent dans la base de données de la Direction des Études des ponts. Ils sont répartis en six groupes, en fonction de leur «état de santé». La première regroupe «les ouvrages avec défauts très importants, dangereux, à réparer en priorité absolue».

Quarante-trois y sont répertoriés, en travaux ou prochainement réparés. «C’est le cas du viaduc d’Huccorgne qui supporte l’autoroute E42/A15 à hauteur de Wanze (près de Huy)», évoque la directrice. «Nous sommes occupés à le réhabiliter (étanchéité, joints de dilatation, glissières de sécurité…) et à le renforcer. L’adjudication actuelle est d’un peu plus de 23 millions d’€ .» L’an passé, 32 millions d’€ ont été consacrés à entretenir et réhabiliter le parc d’ouvrages d’art (budget du ministre des Travaux, Philippe Henry, et de la SOFICO, Société wallonne de financement complémentaire).

De l’eau sous et sur les ponts

Les ponts ont aussi été frappés de plein fouet par les inondations de l’été dernier. Françoise Taquet dresse le bilan : «110 ponts dont nous sommes en charge ont été touchés, une dizaine d’entre eux ont dû être fermés à la circulation. Le budget pour les réparer est estimé à 20 millions d’€.

Les communes sont encore plus impactées. On parle d’une trentaine de fermetures et de 25 millions d’€ pour les travaux de réparation. C’est dramatique.»

Cet article est paru dans le Télépro du 14/10/2021

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