Entre animaux, la loi de la jungle
Les animaux forment des groupes sociaux régis par une hiérarchie qui n’exclut pas le bien-être de l’individu. Ce vendredi à 18h10, Arte diffuse le documentaire «Démocraties animales»
Ils ont accouru des coins les plus reculés de la jungle : zèbres piaffant, girafes au long cou, éléphants barrissant… Au pied du rocher, ils attendent tous le grand moment, celui où Simba, le futur roi lion, va leur être présenté, brandit comme un joyau.
Mettons un instant en sourdine la bande-son du célèbre dessin animé de Walt Disney. Les monarchies animales, les hiérarchies très présentes dans les films d’animation, s’appuient-elles sur un fond de vérité ou ne font-elles que transposer des codes humains à des animaux ?
La meute
Direction «Le Livre de la jungle». Lorsqu’il est question du loup, certains réfutent le terme «hiérarchie» et préfèrent parler d’ordre social. Face à celui de la meute, l’ordre social parfait imaginé par l’homme ne fait pas le poids. La Fondation Capellino (qui œuvre pour la sauvegarde de la biodiversité) le définit de la manière suivante : «La meute de loups est un ensemble s’unissant pour la protection de chaque membre, comme une famille à laquelle chacun est digne d’appartenir.»
L’ordre hiérarchique est très précis : le chef, c’est le géniteur, le mâle alpha qui s’accouple une fois par an avec sa femelle. Viennent ensuite les éléments intermédiaires (première portée et portées intermédiaires) puis inférieurs (dernière portée). Si un extérieur arrive et conteste l’autorité d’Alpha, il y a duel. «Pas à mort», explique le site Wamiz. «Les animaux sauvages sont enclins à considérer la vie comme un bien précieux et à éviter le gaspillage biologique.»
Vivre ensemble
Dans son livre «Dominants et dominés chez les animaux» (Éd. Odile Jacob), Alexis Rosenbaum relate de nombreuses observations du comportement et de l’organisation de différentes espèces. La conclusion du professeur de philosophie des sciences : chez les animaux, la hiérarchie ne crée pas l’inégalité, mais apprend à vivre ensemble.
Contrairement à l’image négative que l’homme peut en avoir, la hiérarchie serait synonyme de moins de violence dans le groupe, mais aussi de coopération. Pour expliquer son installation, les exemples sont multiples et témoignent de processus parfois très différents. Chez l’oiseau marin fou à pieds bleus, c’est l’ordre de naissance qui prévaut : premier sorti de l’œuf, premier dans l’ordre hiérarchique. Même si le petit deuxième est plus robuste, rien n’y fait.
Chez le poisson maylandia zebra par contre, cela fonctionne à géométrie variable : la subordination peut changer de camp en quelques jours. Quant aux singes géladas, «un mâle dominant, une fois qu’il a vaincu, abordera son adversaire malheureux avec des gestes d’apaisement. Si le vaincu montre alors des signaux de subordination, ils se livreront à un toilettage réciproque et pourront se nourrir à proximité l’un de l’autre sans heurts».
Le roi lion
Nous en revenons au lion. Son cas ne fait pas exception à la règle : hiérarchie absolue. Le roi de la jungle a pour mission principale de défendre le territoire, sa femelle donne naissance aux lionceaux qu’elle allaite, elle chasse aussi. Comme le roi ne supporte pas qu’un autre lui fasse de l’ombre, il exclut les contestataires potentiels du groupe. Si c’est lui qui est chassé, le nouveau venu tue toute sa progéniture et reprend le flambeau.
Nous n’en sommes pas là. La bande-son a repris. Sur l’écran, les animaux s’agenouillent en signe de déférence devant un petit lionceau, Simba, leur futur roi, porté à bout de bras vers le ciel. Pure fiction donc… mais l’émotion et la larme qui coule sont réelles.
Cet article est paru dans le Télépro du 17/6/2021
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