En réalité, les rats sont sympas !
Porteur de maladie, destructeur, agressif : le rat traine derrière lui une bien mauvaise réputation. Et pourtant… Ce samedi à 22h25, Arte diffuse le documentaire «Les Rats des villes – Tout un monde !».
Rémy avait pourtant mis tous les ingrédients nécessaires pour se faire aimer : rien n’y a fait. Le héros du dessin animé «Ratatouille», n’a pas pu redorer le blason de la famille Rat. Une mauvaise réputation qui a la dent dure depuis bien longtemps dans les sociétés occidentales. Pourtant, «c’est plutôt l’ignorance qui alimente la peur», estime Maria Wischnewski, la réalisatrice du documentaire «Les Rats des villes – Tout un monde !» (Arte, samedi). L’ignorance et, avec elle, la guerre vaine que l’homme mène contre les rats depuis des siècles.
Armaguedon
«Invasion hors de contrôle», «Les rats sont entrés dans Paris» (allusion à la chanson de Reggiani «Les loups sont entrés dans Paris»), «Les rats grignotent Paris» : depuis quelques années, la presse de l’Hexagone s’en donne à cœur joie pour faire trembler le lecteur face au fléau que constituerait la prolifération des rongeurs dans la Ville Lumière. Il faut dire que les rats trouvent de tout pour se nourrir dans les grandes villes. Poubelles accessibles, déchets alimentaires à foison, ordures au sol… de quoi ingurgiter jusqu’à 10 % de leur poids quotidiennement et donner à manger à une famille susceptible de s’agrandir de huit petits quatre fois par an.
Selon un classement dévoilé l’été dernier, 6 millions de rats auraient élu domicile à Paris. C’est moins qu’à Deshnoke, en Inde, ou à Londres, mais cela ferait environ 2 rats par habitant. Conséquence : en 2021, la mairie a lancé le plan «Armaguedon». Pas de Bruce Willis aux commandes, mais une armée de spécialistes pour «collecter un maximum d’informations sur les rats, pour mieux les connaître et à terme, endiguer la croissance de leur population». Le budget annuel consacré à cette lutte est estimé à 1,5 million d’euros.
Rattrapage
Une politique qui n’est pas du goût de tout le monde. L’association PAZ (Paris Animaux Zoopolis) démonte un par un, les arguments «anti rats». À commencer par le premier cliché, celui du rat porteur de maladies. Oui, le nombre de cas de leptospirose (maladie transmise par le contact avec des eaux douces souillées par l’urine de certains animaux, dont les rats) progresse en France, mais il s’agirait, selon l’association, «d’une conséquence du réchauffement climatique plus que d’une augmentation, non démontrée, du nombre de rats, des eaux plus chaudes favorisant la survie de la bactérie».
Quant à la fameuse peste noire du XIVe siècle, il faudrait davantage incriminer les puces et les poux que les rats. Ceux-ci sont par ailleurs des animaux très propres, qui fuient lorsqu’un danger se présente. Quant aux dégradations qu’ils provoquent, l’association rappelle que le rat est un rongeur, que ses dents poussent en permanence et que pour les limer, ils s’en prend, notamment, aux câbles électriques. Conclusion : «C’est aux êtres humains de protéger leurs installations et de prendre les mesures de sécurité qui s’imposent. Dératiser n’est pas la solution».
Le rat sourit
Morale de tout cela : l’homme doit apprendre à cohabiter avec les animaux liminaires (qui vivent à proximité de l’espèce humaine sans être ni domestiquées ni totalement sauvages), comme les pigeons, les souris et les rats. L’association PEA (Pour l’Égalité Animale) reprend une série d’arguments présentant les rats sous un autre jour, bien plus favorable. Au fil des études et expériences, c’est un animal affectueux, altruiste, joueur et intelligent que l’on découvre. Il est entre autre capable de tenter de libérer un congénère emprisonné ou d’éclater de rire (des ultrasons) quand on lui chatouille le ventre. Rémy et ses potes de «Ratatouille» ne sont finalement pas si éloignés de leurs vrais congénères !
Cet article est paru dans le Télépro du 23/2/2023
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