Émile Zola à Médan, demeure romanesque

À Médan, l’écrivain de génie noircit des milliers de pages le matin, puis se repose © France 5
Alice Kriescher Journaliste

Sur France 5 avec «Une maison, un artiste», Patrick Poivre d’Arvor continue à nous faire pénétrer dans l’intimité des grands noms de l’art et de la culture. Dimanche à 22h35, rendez-vous chez Émile Zola.

À l’âge de 38 ans, l’écrivain trouve à Médan, dans les Yvelines, une petite maison sans prétention. Entre ces murs, il écrira bien sûr, dont le fameux «J’accuse» pour défendre le capitaine Alfred Dreyfus, mais il va aussi y entretenir ses amitiés, flâner et tomber follement amoureux…

Cabane à lapins

En 1878, Émile Zola (1840-1902) découvre à Médan ce qui sera sa demeure durant plus de vingt ans. Voici ce qu’il en dit dans une lettre adressée à son ami Gustave Flaubert. «J’ai acheté une maison, une cabane à lapins, entre Poissy et Triel, dans un trou charmant au bord de la Seine (…) La littérature a payé ce modeste asile champêtre.»

C’est, en effet, grâce aux revenus générés par son ouvrage «L’Assommoir», publié en 1976 sous forme de feuilleton, qu’Émile a pu s’offrir sa «cabane à lapins». C’est toujours grâce à l’écriture qu’il va la transformer, avec son épouse Alexandrine, en vaste domaine.

Une première tour est ajoutée à la maison avec l’argent du roman «Nana». Là, l’écrivain naturaliste y installe son bureau, mais aussi une cuisine et une salle à manger pour y recevoir ses amis. Au sein de la tour Nana se produiront les fameuses soirées littéraires de Médan qui réunissent des artistes tels que Paul Cézanne, Édouard Manet, Camille Pissarro, Alphonse Daudet ou encore Guy de Maupassant. Tout ce petit monde et bien d’autres se feront appeler «le groupe de Médan». De ces échanges paraîtra un recueil de nouvelles, «Les Soirées de Médan», publié en 1880.

La Dame

«Quelques années après la tour Nana, Émile Zola et sa femme Alexandrine font construire une deuxième tour de l’autre côté du bâtiment central, la tour Germinal», détaille-t-on dans le documentaire, «qui abrite notamment la salle de billard, véritable revanche sur ses années de pauvreté, mais aussi, à l’étage, la lingerie où un jour, va entrer une jeune femme qui va bouleverser leur vie à tous.»

Jeanne Rozerot fait, en effet, son arrivée dans la vie des Zola en 1888. Émile en tombe immédiatement amoureux. Pour la séduire, il ira même jusqu’à entreprendre un régime alimentaire. Quand il parvient à ses fins, l’écrivain fait passer Jeanne du statut de lingère à celui de maîtresse officielle en l’installant dans un appartement parisien, au 66 rue Saint-Lazare, où il peut se rendre facilement. De cette union adultère naîtront un livre, «Le Docteur Pascal», dernier de la série des Rougon-Macquart, et deux enfants, Denise et Jacques. Il ne les reconnaîtra pas.

Lorsqu’Alexandrine apprend l’existence des enfants, c’est trop d’humiliation pour elle qui n’a pu en avoir avec son mari. Mais Alexandrine, surnommée «la Dame» par les bambins de son époux, le sera pour de bon. Elle fait taire sa douleur et décide d’entretenir une relation apaisée avec Denise et Jacques. Jusqu’à l’ultime élégance, après la mort de Zola en 1902, Alexandrine entreprend les démarches nécessaires pour que les deux héritiers de son mari en portent enfin le nom de famille.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/7/2020

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