Embouteillage dans l’espace

Plus de deux mille satellites gravitent au-dessus de nos têtes. Et certains ont des usages plutôt inattendus…

J’ai 10 ans. Je l’ignore encore, mais cette nuit du 21 juillet 1969, je vis un moment en dehors du temps. Mes parents, mes sœurs, mes tantes : toute la famille s’apprête à passer la nuit chez ma grand-mère, devant le poste de télévision. Dans le salon, nous veillons. Devant le téléviseur, nous voyons… Ou plutôt, nous devinons, en noir et blanc : l’engin spatial posé sur la Lune, l’astronaute qui sort du Lem, bondit de l’échelle, pose le pied sur notre satellite planétaire et prononce le célèbre «Un petit pas pour l’homme, bip, mais un grand pas pour l’humanité, bip…». J’ai 10 ans, mais depuis longtemps, mes petits camarades et moi avons le nez dans les étoiles.

Les héros de l’espace

Dans les albums Victoria, Jacques ou Côte d’Or dont nous collectionnons les images, les photos des héros de l’espace figurent en bonne place à côté de celles des sportifs et des stars du petit ou du grand écran. Zorro, «Ma sorcière bien aimée» ou «Le Saint» partagent la vedette avec Laïka, la chienne mise sur orbite en novembre 1957, Youri Gagarine, le premier homme dans l’espace en 1961 et Valentina Terechkova, la première femme, en 1963… Nous vivons en direct les débuts de la course à l’espace entre les États-Unis et l’Union soviétique. Parmi tous les noms que nous découvrons, certains claquent mieux encore que les autres : Spoutnik, le premier satellite artificiel lancé en 1962 par les Soviétiques. Et que dites-vous de Telstar ? Cette boule à facettes de 88 cm de diamètre pour 77 kilos a même sa chanson : «Tout là-haut, plus haut que les oiseaux, un astre brille dans le ciel» chantent Les Compagnons de la chanson pour célébrer ce satellite de télécommunication américain. De nos jours, si une chanson devait être écrite en l’honneur de chaque satellite lancé, quelle cacophonie ça serait !

Encombrement spatial

Selon les derniers chiffres publiés par l’association UCS (Union of Concerned Scientists), 2.063 satellites opérationnels étaient en orbite autour de la Terre au 1 er avril 2019. «La cadence des lancements s’est brusquement accélérée ces dernières années, avec 378 satellites lancés en 2017 et 375 satellites en 2018», note le site Futura Sciences. Des satellites de toutes les nationalités, de toutes les tailles et pour toutes les fonctions.

À l’heure actuelle, les États-Unis restent les numéros 1 du secteur avec 887 satellites. Suivent la Chine (296) et la Russie (150). Mais de plus en plus de pays entrent dans la danse, parfois les plus inattendus. C’est le cas de l’Angola qui lance le satellite de télécom «AngoSat-1» début 2018. Quelques mois plus tard, il se perd prématurément… Partie remise : AngoSat-2 devrait être envoyé à la fin de cette année. Côté taille, la tendance est clairement au «small is beautiful». Les nanosatellites (aussi appelés «CubeSats») ont la cote : pas plus grands qu’une miche de pain ou une boîte à chaussure, ils permettent aux lanceurs d’effectuer des tirs massifs. En 2017 déjà, l’Indian Space Research Organization envoyait 104 satellites en une seule fois : un record. Cela étant, près d’un satellite sur trois pèse quand même entre 1 et 5 tonnes…

Pour lire la suite de cet article, rendez-vous dans le magazine Télépro paru le 5/3/2020

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