Elbe, étincellante perle de Vénus

Le port de Portoferraio où débarqua Napoléon en mai 1814 © Getty Images

On la surnomme « la petite Corse ». Et c’est à un illustre Corse qu’elle doit sa notoriété. Arte nous invite, mercredi à 16.35, à visiter l’île d’Elbe.

Tout le monde connaît son nom, mais rares sont ceux qui y sont allés. Flottant au large de la Toscane, face à la Corse, l’île d’Elbe (224 km2) entre dans l’Histoire lorsque Napoléon y est exilé en mai 1814. L’empereur déchu passera tout juste 300 jours dans son royaume miniature (il fut souverain de l’Elbe et non simplement prisonnier comme, plus tard, à Sainte-Hélène). Il s’enfuira sous le nez des Anglais chargés de le surveiller le 26 février 1815. Sa résidence officielle, l’imposante Palazzina dei Mulini, et sa villa de campagne, San Martino, continuent d’attirer les passionnés d’histoire.

Perle de Vénus

« Cette île est tout de même bien petite », se désolait Bonaparte. Une pique dont les 32.000 Elbois ne semblent pas lui tenir rigueur puisque chaque année, le 4 mai, ils rejouent son arrivée dans la rade de Portoferraio, le petit port de l’île, en costumes d’époque. Et le lendemain, une messe est célébrée en sa mémoire à l’église de la Miséricorde.

Pourtant, le passé de ce « lambeau de terre » remonte à bien plus loin que Napoléon. La légende raconte que l’île d’Elbe est née d’une perle échappée du collier de Vénus, la déesse de la beauté et de l’amour. Les Étrusques sont les premiers à exploiter ses mines de fer dès l’Antiquité. La dernière a fermé dans les années 1980, mais les galeries antiques ont été conservées. Ce qui vaut à l’île de figurer sur la liste des sites d’intérêt géologique de l’Unesco.

Très convoitée

Succédant aux Étrusques, les Romains apprécient l’Elbe pour son fer, mais aussi pour ses boues curatives. Les Médicis, par la suite, renforcent sa grandeur en érigeant des fortifications, aujourd’hui magnifiquement préservées. L’île d’Elbe suscitera aussi l’intérêt des Espagnols, des Anglais, des Allemands et des Français, qui utiliseront tant la diplomatie que les armes pour s’en emparer.

Le destin de l’île d’Elbe a toujours été déterminé par deux facteurs : sa position stratégique dans la mer Tyrrhénienne et la richesse de son sous-sol, en plus de sa beauté et de son climat particulièrement favorable. Peu de territoires aussi petits peuvent se vanter d’une telle variété de paysages : maquis sauvage, garrigue aromatique, forêts de pins, de chênes verts et de châtaigniers, vignes, cultures en terrasses, carrières de granit, criques de galets ou plages de sable fin. Le tout surmontépar le Monte Capanne (1.019 m), une « montagne perdue dans la mer ».

Réserve marine

Elbe revendique également sa nature préservée. Elle est la plus grande des sept îles composant le Parc national de l’archipel toscan, créé en 1996 pour sauvegarder 18.000 hectares de terres et quelque 60.000 hectares de fonds marins. Ce qui en fait la plus vaste réserve marine d’Europe.

« Visiter « l’île fumeuse et étincelante », comme l’appelaient les Grecs et les Romains, c’est faire trois voyages en un », assure « Le Petit Fûté ». Elbe, selon le célèbre guide de voyage, réunit un paysage corse, un climat crétois et la précieuse convivialité italienne !

Cet article est paru dans le Télépro du 20/3/2025

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