E-commerce : le défi du dernier kilomètre
Selon une étude française, le dernier kilomètre de la livraison des colis est à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effet de serre.
Lorsqu’on m’a proposé d’écrire sur le thème du «dernier kilomètre», le fan de cyclisme que je suis a immédiatement pensé au symbole de la flamme rouge. Ce petit triangle de tissu écarlate annonce l’emballage final des 1.000 derniers mètres de la course, le moment où soudain tout s’accélère avant le dénouement final. Je me trompais. À moins que vous n’ayez acheté un vélo via un site de commande en ligne, le rapport entre le cyclisme et le sujet que nous allons traiter est assez éloigné. Quoique… Dans l’e-commerce aussi, c’est dans l’ultime kilomètre que tout s’emballe.
Très cher kilomètre
L’expression fait référence au fait que, dans le cadre d’un dispositif de livraison de commande à domicile, c’est surtout le dernier kilomètre «parcouru» par le colis qui est le plus difficile à gérer. Le plus coûteux aussi. Pour faire simple et si on reprend l’exemple du vélo : le cadre a été construit, les roues, le guidon… tout est assemblé à l’usine, votre bicyclette est prête. Il reste à vous la faire parvenir. C’est à ce moment-là, en vue de la banderole finale, que le prix de votre bécane décide de placer une accélération : la livraison représente à elle seule un cinquième du coût de la chaîne.
Selon le site Définitions Marketing : «La gestion du dernier kilomètre représente entre un quart et un tiers du coût de livraison total». Et le problème n’est pas que financier. Le site du Marché international de Rungis a fait les comptes : en France, le dernier kilomètre est à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Si grâce à l’e-commerce, les livraisons de colis ont décroché le maillot jaune, pour le maillot vert, elles repasseront.
Vive les points relais
Comment faire chuter le coût financier et écologique : c’est actuellement l’enjeu de nombreuses recherches. C’est que la vente en ligne est occupée à exploser (la crise sanitaire actuelle va la renforcer d’autant plus) et que les exigences de celles et ceux qui y recourent ne cessent elles aussi d’augmenter.
Pour Mélanie Ober, consultante pour le site TransportShaker, nos villes ne sont pas conçues pour absorber autant de flux créés par les livraisons qui découlent des ventes en lignes. Une première solution serait de généraliser les points relais. Ce mode de livraison est déjà celui plébiscité par le gros du peloton des internautes : près d’un sur deux l’a choisi pour se faire livrer. «Quinze arrêts en moyenne pour les points relais contre cinquante pour les livraisons à domicile.» Tout bon pour le portefeuille et l’environnement.
Une deuxième solution est de regrouper plusieurs livraisons. C’est ce qu’on appelle «la mutualisation». Un camion pour plusieurs commerces, ça semble tomber sous le sens. Pourtant ce n’est le cas qu’une fois sur quatre. Moins de livraisons, c’est aussi moins de véhicules sur les routes, bruyants, polluants, à l’arrêt dans les rues causant des bouchons, occupant des places de parkings…
Drôles de drones
Pour décrocher le maillot vert dont question plus haut, les pistes sont nombreuses. Recours aux véhicules électriques, mais pas que. Selon le cabinet McKinsey, d’ici à 2025, 80 % des livraisons se réaliseront grâce à des moyens de locomotions autonomes. C’est le cas des robots testés à Berne par la Poste suisse.
Mais c’est aussi le cas des drones. Ceux-ci pourraient même devenir la norme pour les livraisons en centre-ville quand les problèmes légaux que pose leur utilisation seront résolus. Tous les spécialistes s’accordent sur un point : pour relever le défi des livraisons, à domicile ou pas, une véritable course contre la montre est engagée. Encore le cyclisme, quand je vous le disais…
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