Duchesse de Berry, des palais aux arrêts

Extrait de «Secrets d'Histoire» © France 3
Alice Kriescher Journaliste

Ce lundi à 21h05 sur France 3 dans «Secrets d’Histoire», Stéphane Bern dévoile la vie mouvementée de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles : grandeur et décadence d’une Princesse à l’esprit libre, ballotée par les soubresauts de l’histoire du XIXe siècle.

L’existence de la duchesse de Berry, ou Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, est digne d’un roman d’aventures. Suivre le fil de sa vie, c’est partir de Sicile pour un voyage passant par Paris, Dieppe, la Provence, le bocage vendéen, l’Écosse, l’Angleterre ou le somptueux château de Brunnsee, en Autriche, la dernière demeure de la Princesse des Deux-Siciles, ouvert pour la première fois aux caméras de télé.

Amour, drame et miracle

Née en 1798 en Sicile, petite-fille du roi Ferdinand I er des Deux-Siciles, fille aînée du prince héritier François, duc de Calabre et de l’archiduchesse Marie-Clémentine d’Autriche, l’arbre généalogique de la duchesse de Berry est impressionnant, mais son destin l’est plus encore. À 18 ans, en 1816, elle rejoint la cour de France pour y épouser le duc de Berry, fils du roi Charles X. Sa mission est de donner un héritier à la Couronne. En 1819, Louise vient au monde. On espère qu’un garçon suivra. L’année d’après, c’est le drame, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, est assassiné par un Français bonapartiste, Louis Pierre Louvel. Par son crime, il espère éteindre la lignée des Bourbons. C’est un échec, car, personne ne le sait, mais Marie-Caroline est enceinte. Quelques mois plus tard, le futur comte de Chambord naît. Henri, fils posthume, est considéré comme un symbole et surnommé «l’enfant du miracle» par le poète Lamartine.

Mère courage

À présent veuve, c’est seule que la Duchesse doit élever son fils et faire face à son austère belle-famille sans l’appui du défunt Duc. Si Charles X méprise sa belle-fille, elle n’en devient pas moins la coqueluche du Royaume. En juillet 1830, la révolution des Trois Glorieuses renverse Charles X au profit de son cousin, Louis-Philippe d’Orléans, qui monte sur le trône et, par la même occasion, condamne les Bourbons à l’exil, direction l’Angleterre.

Mais la Duchesse est tenace et entend bien voir son fils régner. Elle s’entoure de légitimistes – membres d’un mouvement politique estimant que la famille Bourbon est la seule à mériter le trône de France -, et se rend en Provence et en Vendée où elle tente de rallier les locaux contre Louis-Philippe. Son équipée est un échec… En 1832, elle est mise aux arrêts et enfermée à la forteresse de Blaye.

«En mai 1833, elle y accouche d’une fille, qu’elle déclare le fruit d’un mariage secret avec le comte Lucchesi-Palli», détaille le Larousse. «L’événement, exploité par le gouvernement, fera scandale et enlèvera à la Duchesse, libérée peu après, tout crédit moral et politique.» Après quelques mois de détention, elle sera en effet expulsée à Palerme. Tenue à l’écart de la Famille royale, elle voit son fils, le comte de Chambord, élevé par la dauphine, sa belle-sœur. En 1864, sa fille aînée, Louise, décède. Un deuil vite suivit d’un second, celui de son second époux. Ruinée et aveugle, Marie-Caroline s’installe au château de Brunnsee, en Autriche, où elle mourra le 16 avril 1870… 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 25/09/2020

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