Dr Feelgood & Mister President : comment Kennedy masquait ses problèmes de santé
Pour masquer sa santé fragile, JFK recourait aux cocktails explosifs préparés par son médecin personnel, Max Jacobson.
Il incarnait la jeunesse et la vigueur. Pourtant, John Fitzgerald Kennedy avait une santé fragile, longtemps cachée au peuple américain. Dans l’ombre, son médecin personnel lui concoctait des cocktails de vitamines, stéroïdes, hormones, cortisone et surtout amphétamines.
Vendredi à 22h35 sur La Une, «À droite sur la photo» dresse le portrait de celui que tout New York surnommait «Docteur Feelgood». Né en 1900 en Pologne, Max Jacobson ouvre un premier cabinet médical à Berlin, avant d’émigrer aux États-Unis à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il s’installe à New York et devient le médecin à la mode de la Grosse Pomme. Chanteurs, acteurs, sportifs, écrivains, politiciens… tout le monde se presse à son cabinet. Jacobson, qui s’est toujours intéressé aux effets des psychotropes, n’hésite pas à injecter ses propres mélanges à ses patients.
Injections miracles
En 1960, JFK, alors en pleine campagne présidentielle, entend parler de celui qui est surnommé «Miracle Max» ou «Docteur Feelgood». Lui aussi va devenir accro à ses injections miracles.
Et pour cause, malgré son image d’homme jeune et vigoureux, Kennedy a une santé fragile : il a déjà reçu quatre fois l’extrême-onction, a survécu à une leucémie à l’adolescence, souffre d’allergies, de maux de dos et est atteint de la maladie d’Addison (insuffisance des glandes surrénales), souvent fatale à l’époque. Les cocktails administrés par le médecin annihile les douleurs de JFK et lui procure l’énergie dont il a besoin pour accéder à la Maison Blanche.
Point d’orgue de la campagne, le débat télévisé contre Nixon se profile. Le démocrate, épuisé et sans voix, peut compter sur les remèdes de Jacobson. Il apparaît souriant, détendu et alerte, face à un Nixon affaibli par une grippe. «La blague raconte que le maquilleur de Nixon lui a fait perdre l’élection», raconte le journaliste Peter Keating dans le documentaire. «Celui-ci était pâle, sombre, épuisé, hagard. Il y avait un contraste dans leur apparence physique, leur posture. Et tout cela collait avec le thème de la campagne de Kennedy, qui était de remettre le pays en marche.»
Nom de code : Mister Done
Très vite, JFK ne peut plus se passer des services du mystérieux médecin. Une fois investi Président, il l’intègre à son entourage personnel et, pour le joindre, lui donne le nom de code «Mister Done». Toujours accompagné de sa valise remplie de seringues et de fioles, ce dernier est présent, dans l’ombre, à chaque moment important : du débarquement de la baie des Cochons à la crise des missiles de Cuba, en passant par le sommet avec Nikita Khrouchtchev à Vienne.
«Jacobson a fait une injection à Kennedy en plein sommet avec Khrouchtchev», raconte encore Peter Keating. «Une fois de plus, Jacobson est embarqué au cœur de l’Histoire en train de s’écrire devant ses yeux.»
À partir de 1962, cet homme doté de grosses lunettes et toujours armé de sa mallette commence à intriguer. Et des inquiétudes naissent, notamment dans le chef de Bobby Kennedy. Finalement écarté de la Maison Blanche, Jacobson continue malgré tout de recevoir le Président à son cabinet new-yorkais. Le 21 novembre 1963, JFK reçoit une dernière injection du médecin, quelques heures seulement avant de s’envoler pour Dallas…
Quelques années après l’assassinat, Jacobson est inquiété par la justice pour son utilisation abusive d’amphétamines, désormais interdites. Radié de l’Ordre des médecins en 1975, il meurt quatre ans plus tard. Aujourd’hui encore, certains s’interrogent : l’Histoire aurait-elle pu être différente si Kennedy n’avait pas été sous l’emprise des drogues injectées par l’étrange Dr. Jacobson ?
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 22/10/2020
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