Don d’organes, don de vie
Ce jeudi à 19h50 dans «Tout s’explique», Maria Del Rio vous propose de suivre le transport d’un organe et d’assister à une greffe de foie, de comprendre pourquoi la liste d’attente est si longue, puis d’en savoir plus sur le don de tissus et de son corps à la science.
Qui ne dit mot consent
Le don d’organes est régi par la loi de 1986 sur le prélèvement et la transplantation d’organes, qui applique le principe du consentement présumé. Tout Belge adulte est ainsi considéré comme étant d’accord de devenir donneur potentiel, à moins qu’il ne s’y soit formellement opposé de son vivant. Concrètement, tout refus doit être notifié au registre national du ministère de la Santé.
En 2019, 198.655 personnes ont exprimé leur opposition à faire don de leurs organes, un nombre relativement stable puisqu’ils étaient 192.542 à s’être exprimés en ce sens en 2002. À l’inverse, le nombre de Belges qui se sont officiellement portés candidats comme donneurs a, lui, explosé : de 27.449 volontaires en 2002, ils sont passés à 380.967 l’année dernière.
Le système du consentement présumé permet à la Belgique d’enregistrer un taux de refus nettement plus faible que dans les pays où les familles ont leur mot à dire. Proportionnellement, notre pays compte ainsi près du double de donneurs d’organes qu’aux Pays-Bas ou en Allemagne.
Course contre la montre
En termes de don d’organes, ce sont le cœur, le foie, les poumons, le pancréas, les reins et les intestins qui peuvent faire l’objet d’une transplantation. L’organe le plus couramment greffé est le rein. Outre ces organes vitaux, il est possible de greffer des os, des artères, des valves cardiaques, des veines, des tendons ou des ligaments. Concernant les yeux, seule la cornée est prélevée en vue d’une greffe.
Une fois la mort déclarée, les médecins doivent agir vite pour prélever les organes sur le défunt et les greffer. Le temps de conservation varie d’un organe à l’autre. Ainsi, selon le site health. belgium. be, la première urgence concerne le cœur et les poumons qui se conservent entre quatre et cinq heures. Viennent ensuite les intestins avec six heures. Enfin, alors que le foie et le pancréas peuvent tenir douze heures, les reins laissent aux médecins un délai de quarante-huit heures.
Un peu d’histoire
Le XIXe siècle voit apparaître les premières greffes tissulaires. En 1869, le Suisse Jacques-Louis Reverdin réalise la première greffe de peau en couvrant de morceaux d’épiderme la surface d’une plaie qui en est dépourvue. L’histoire de la transplantation d’organes débute, elle, au cours du siècle suivant. En 1954, l’Américain Joseph Murray réalise à Boston la première transplantation rénale réussie à partir d’un rein donné par le frère jumeau du patient. Deux ans auparavant, la même opération avait été réalisée en France, mais s’était soldée par la mort du patient trois semaines plus tard.
Après les greffes de foie et de poumons en 1963, il faut attendre 1967 pour que le Dr Christiaan Barnard remplace pour la première fois le cœur d’un malade. Cette grande première a lieu au Cap, en Afrique du Sud. L’année suivante, c’est un pancréas qui est, pour la première fois, greffé à Minneapolis. Enfin, 1987 marque la première transplantation intestinale réussie.
Des porcs à la rescousse
Alors que les listes d’attente d’organes s’allongent, les chercheurs se penchent sur une autre alternative : la xénogreffe. Par opposition à l’allogreffe (lorsque le donneur et le receveur sont de la même espèce), celle-ci désigne la transplantation d’un greffon où le donneur est d’une espèce biologique différente de celle du receveur. Ainsi, prélever des organes ou tissus chez les animaux pour sauver des vies humaines est sérieusement envisagé.
Et si les singes sont nos ancêtres les plus proches, ce sont pourtant les porcs qui représentent la meilleure option pour les scientifiques. En effet, les organes de ces derniers présentent des similitudes anatomiques et physiologiques intéressantes. Pour Sir Terence English, pionnier de la transplantation cardiaque au Royaume-Uni, la transplantation de cœurs de porcs à l’Homme sera possible d’ici trois ans. Affaire à suivre…
Transplantés, mais sportifs !
De la même façon qu’il existe des Jeux paralympiques, les Jeux mondiaux des transplantés sont organisés depuis plus de quarante ans. La première édition s’est tenue en 1978 en Angleterre. Depuis, cette compétition propose en alternance une édition hivernale et estivale. Et des personnes transplantées de plus de soixante pays y participent. Ces rencontres permettent aux greffés de se rencontrer et d’échanger sur leur expérience. C’est aussi l’occasion de montrer au monde entier qu’il est possible, grâce au don d’organes, de retrouver une vie normale et sportive. Cette année, les Jeux mondiaux d’hiver des transplantés se tiendront au Canada, du 23 au 28 février, et comptera des épreuves de ski, snowboard, curling et ski de fond.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/1/2020
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