Dis-moi ton nom, papillon !

Mercredi à 16h avec le documentaire «Devenir papillon», France 5 déploie les ailes d’un fascinant insecte qui peuple nos jardins.

Les noms scientifiques de certaines espèces d’insectes sont parfois tirés par les cheveux. Pour faciliter la compréhension, des noms vernaculaires, dit communs, sont utilisés. Plusieurs d’entre eux tirent leur appellation d’un fruit, d’un animal ou même d’un dieu !

La petite tortue et le hibou

La tortue et le hibou… Non, ce n’est pas le titre d’une fable de La Fontaine. L’aglais urticae, plus communément appelé la petite tortue, est un papillon européen d’un orange éclatant. Tacheté de noir, il possède aussi des nuances brunes et des pigments bleus. Cette espèce de papillon est parmi les plus communes de nos jardins.

Pourquoi porte-t-elle ce nom ? Le naturaliste français René-Antoine Ferchault de Réaumur explique qu’il lui vient de «la distribution de ses couleurs, qui imite en quelque sorte celles des taches de l’écaille de la tortue».

Même rengaine pour le papillon hibou dont les ailes laissent apercevoir de grands yeux ronds ressemblant au visage du volatile. Cette espèce au grand gabarit (jusqu’à 13 cm) se nourrit de fruits blets, de charogne et de sève. Si elle ne peut pas être aperçue dans nos contrées, elle est présente en Amazonie et dans les régions aux forêts humides.

Le citron

Un papillon en forme de citron ? ! Ce n’est pas du tout cela. Si le nom «papillon citron» résulte de ses ailes de couleur jaune tirant légèrement sur le vert, elles ressemblent davantage à des feuilles. De son nom scientifique gonepteryx rhamni, le citron est une espèce répandue en Europe, dont la population se concentre davantage en France, Asie et Afrique du Nord.

Sa particularité ? Son cycle de vie peu ordinaire. En effet, selon les espèces, les papillons ont une longévité variable, mais de courte durée. Grâce à l’hivernation et la diapause, un arrêt temporaire du métabolisme, le papillon citron peut atteindre un an.

L’apollon

Espèce emblématique des montagnes d’Eurasie, le papillon apollon est distinctif par ses ailes blanches tachetées de noir et rouge. En 1758, le naturaliste suédois Carl von Linné, inventeur de la classification binominale des êtres vivants, le nomme parnassius apollo, en référence au dieu grec Apollon. Il est l’un des papillons possédant le plus de sous-espèces.

Aurore et Tristan

Quand arrive le printemps, le papillon aurore débarque. En effet, sa présence dans nos jardins signe le début de la saison. Ses jolies couleurs rappellent le soleil et les chaleurs estivales, ce qui explique le nom vernaculaire qu’on lui associe. Autre particularité, les femelles pondent leurs œufs un à un et sur différentes plantes.

En 1762, Étienne-Louis Geoffroy, entomologiste français, donne à l’aphantopus hyperantus le nom de Tristan, un hommage possible au personnage du roman de Normand Béroul et chevalier de la Table ronde. Ce papillon possède des ailes brunes et de petits ocelles noir et jaune. Sa population est abondante en Wallonie. Il fréquente les lisières, chemins forestiers et bois clairs. Il est donc facilement visible lors d’une balade matinale, le moment de la journée où il sort pour chercher des graminées.

Le grand sylvain

Espèce devenue rare en Wallonie, le grand sylvain est un papillon forestier noir aux bandes blanches et orange. Son observation peut être difficile puisque sa population est discrète et concentrée dans les canopées. Cette espèce de papillon diurne ne butine pas les fleurs, mais s’alimente sur les excréments, les charognes et les sols humides.

Cet article est paru dans le Télépro du 28/10/2021