Dinosaure : la mort lui va si bien

Doté de mimétisme, le Borealopelta devait se cacher de prédateurs gigantesques ! © Isopix
Alice Kriescher Journaliste

Ce mercredi à 23h10 sur La Une, «Matière Grise» prend des allures de «Jurassic Park» et propose une balade sur les traces du dino le mieux conservé au monde.

Canada, en 2011. Une équipe de chercheurs met au jour un spécimen de dinosaure si bien conservé qu’on le qualifie de momie. Dix ans plus tard, quels secrets a-t-il livrés ?

Nouvelle espèce

Enfouie depuis 110 millions d’années, la carcasse d’un nodosaure, une espèce d’herbivore cuirassé, plus tard nommée Borealopelta markmitchelli, réapparaît en 2011. Un come-back dû au hasard lors de travaux dans une mine à ciel ouvert de la province canadienne d’Alberta.

Appelés sur les lieux, les scientifiques passent 7.000 heures à extirper méticuleusement de la roche le dinosaure «momifié». Le fossile est précieux : «Ce nodosaure est remarquable car il est recouvert de sa peau écailleuse bien préservée et en trois dimensions, ce qui révèle la forme initiale de l’animal», explique Caleb Brown, scientifique du musée canadien de paléontologie Royal Tyrrell, où le spécimen est exposé.

Cet état de conservation inédit s’explique par les derniers instants de vie du dino. «Il serait mort noyé ou à proximité d’une rivière avant d’être emporté jusqu’à la mer. Une fois là-bas, il a coulé dans une zone de sédiments très meubles», détaille Le Figaro. «Son corps recouvert de sable a été protégé de l’appétit des créatures marines et entièrement fossilisé.»

Comme au ciné

Lorsque Robert Clark, photographe au National Geographic, a vu ce dinosaure, il en est resté stupéfait. «On aurait cru à un dragon sorti de Game of Thrones. Il était exceptionnel, digne d’un accessoire de film.» La carcasse a de quoi ébranler : après six ans de travaux, les chercheurs ont pu établir que, de son vivant, la bête faisait 5,5 m de longueur et pesait 1,3 tonne. Des analyses chimiques de composants organiques trouvés dans ses écailles ont aussi indiqué qu’il devait être brun-rougeâtre.

Plus fort : «sa peau était dotée d’un mécanisme de camouflage consistant à obscurcir la couleur des parties exposées à la lumière pour être moins visible», explique le Huffington Post. Cela suggère que, malgré son impressionnante armure, sa taille et son poids, il était entouré de prédateurs si monstrueux qu’il devait ruser avec un camouflage pour survivre !

Dernier repas

Au fil des recherches, les chercheurs ont découvert que l’estomac du Borealopelta était bien conservé. Non seulement cela a permis de savoir ce qu’il avait mangé avant de mourir – 88 % de fougères et 7 % de tiges et brindilles -, mais aussi d’en apprendre plus sur l’alimentation des herbivores en général. «L’analyse a révélé la présence de nombreuses traces de charbon dans l’estomac», relate le magazine Géo. «Ceci indique que l’animal se nourrissait dans une région récemment frappée par un incendie. Il profitait certainement de la prolifération de fougères apparaissant fréquemment dans les paysages brûlés.» Une capacité d’adaptation des herbivores à un biotope incendié jusqu’alors méconnue.

Cet article est paru dans le Télépro du 1/7/2021

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