«Des volcans et des hommes» (Arte) : une puissance bienfaitrice
Le géologue Arnaud Guérin reprend son tour du monde des liens uniques tissés par les hommes avec les géants de feu. À voir sur Arte cette semaine, du lundi au vendredi à 15h15.
Arnaud Guérin, comment cette série, diffusée du lundi au vendredi, l’après-midi, sur Arte, est-elle née ?
Huit cents millions d’humains vivent dans l’environnement direct d’un volcan. Aussi, l’idée de raconter les relations entre les différents cratères de la planète et les populations qui vivent à proximité s’est-elle imposée. L’Europe en a une vision négative, associée à un risque mortel et à une mythologie liée à l’enfer. Une image liée par exemple à l’éruption du Vésuve, en 79 après J.-C., qui a détruit Pompéi et Herculanum. Mais en de nombreux endroits du monde, on loue d’abord leur puissance bienfaitrice. Le plus souvent, on les dote d’un surnom féminin, associé à une image maternelle ou divine, en tout cas protectrice.
Il y aurait plus de bénéfices que de risques à habiter près d’un volcan ?
Oui, car sur la durée d’une vie humaine, vous avez peu de chances d’être exposé à une éruption, alors que le volcan peut apporter beaucoup, en particulier une fabuleuse fertilité des sols. En Indonésie, par exemple, les paysans du Bromo, un volcan très actif, font trois ou quatre récoltes par an sur une terre enrichie par les cendres. Les entrailles du Kawah Ijen, en Indonésie toujours, nourrissent une population de mineurs, grâce à l’extraction du soufre. Au Japon, sur les flancs du Sakurajima, les paysans cultivent les plus gros radis du monde. Quant aux oranges mûries près de l’Etna, elles ont un goût extraordinaire.
Beaucoup de populations vénèrent ainsi «leur» volcan…
Les paysans gravissent les pentes du Bromo dans une spectaculaire procession hindouiste pour lancer dans le cratère fumant une offrande symbolisant leurs récoltes. Catane, en Sicile, abrite l’une des plus importantes fêtes chrétiennes au monde : pendant trois jours et trois nuits, un demi-million de personnes prient dans une ferveur extrême la patronne de la ville, Sant’Agata, pour qu’elle les protège des colères de l’Etna.
Quels tournages vous ont impressionné ?
À Hawaï, au-dessus du lac de lave du Kilauea, encore actif, l’hélicoptère s’est approché si près que j’ai mesuré physiquement la chaleur de ces coulées incandescentes. En Auvergne, je garde un souvenir très fort de ma descente à vingt-cinq mètres de profondeur dans une vaste cavité de basalte. Dans une atmosphère plus détendue, j’ai adoré me faire enterrer à Ibusuki, au Japon, dans un sable chauffé par les eaux volcaniques souterraines… Dans ces environnements volcaniques, tous uniques, on a le sentiment de retrouver une relation primordiale avec la Terre.
Entretien : Maria Angelo
À lire : Arnaud Guérin, «Les Volcans et les hommes», Arte Éditions, 200 pages, Glénat (35 €)
Cet article est paru dans le Télépro du 20/10/2022
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