Des jumelles qui ne laissent pas de marbre
Les riches Chinois raffolent du marbre grec… à cause de jumelles très présentes sur le Web !
La Chine importe plus de 60 % du marbre de la planète. Pour les nouveaux riches chinois, le marbre est symbole de modernité, de prestige et de réussite sociale à l’occidentale. Surtout lorsqu’il vient de Grèce…
Une étonnante histoire à découvrir mardi à 23h45 sur Arte, dans le documentaire «De la Grèce à la Chine, la folle odyssée du marbre».
Du clinquant
Voilà plusieurs années qu’on le dit : la Chine est l’usine du monde. Mais à force de faire tourner ses usines à plein régime, le pays s’est considérablement enrichi. Il dispute désormais aux États-Unis le titre de première puissance économique mondiale.
Une partie de la population chinoise profite de cette évolution. Bien que le pays reste officiellement communiste, il compte aujourd’hui plus de milliardaires que les USA. Et la classe moyenne y est en plein boom. Ces nouveaux riches chinois ont une consommation effrénée, souvent ostentatoire.
Ce qui fait fureur en ce moment, c’est le marbre. Au sol, aux murs, dans les escaliers… Les Chinois veulent du marbre partout, comme les riches familles européennes d’autrefois.
Le plus cher
La Chine possède ses propres carrières de marbre, elle importe aussi de grosses quantités de marbre de Turquie. Les Chinois les plus branchés ne jurent pourtant que par le marbre grec. Parce que c’est le plus cher. Et parce qu’ils sont persuadés que la Grèce est la nation du marbre.
Ce n’est pas faux. Le mot «marbre» vient d’ailleurs du grec «marmaros», qui signifie «pierre resplendissante». L’Acropole, le Parthénon… tous les vestiges de la Grèce antique sont en marbre blanc. Cette histoire ne fait pas partie de ce que les petits Chinois apprennent à l’école. Mais depuis quelques années, elle est véhiculée sur les réseaux sociaux par deux influenceuses au parcours surprenant : les jumelles grecques.
Stars du Web
Elles s’appellent Sofia et Marianna Erotokritou. À 17 ans, ces deux jeunes filles s’interrogent sur leurs perspectives d’avenir en Grèce. Leur père, avocat, leur conseille d’apprendre le chinois.
Les jumelles partent donc en Chine pour un an de cours intensifs. Elles décident ensuite de s’inscrire à l’université de Pékin pour un master en commerce international, suivi d’un MBA en 2020. Les demoiselles se sentent là-bas comme chez elles. En chinois, la Grèce porte le nom de «Xila». Cela signifie : une autre grande civilisation. Les anciens ont sans doute estimé que Confucius et Socrate étaient un peu cousins…
Les jumelles constatent en effet que les Chinois ont une grande estime pour les Grecs, bien qu’ils soient incapables de situer le pays sur la carte ou de citer l’un de ses monuments. Elles décident alors de réaliser des petites vidéos présentant la Grèce sur les réseaux sociaux… En quelques années, Sofia et Marianna deviennent ainsi des stars du Web chinois.
Businesswomen
Les vidéos des jumelles ont un impact réel sur le tourisme en Grèce. Nombreux sont les jeunes couples chinois qui rêvent aujourd’hui de se marier à Santorin. Voici quelques mois, le ministre grec du tourisme a même décerné aux deux jeunes femmes le titre d’ambassadrices touristiques en Chine.
Mais comme le montre le documentaire d’Arte, les jumelles grecques sont d’abord des businesswomen… D’une part, elles promeuvent les investissements chinois en Grèce. De l’autre, elles vendent de l’immobilier qu’elles font entièrement décorer avec le précieux marbre grec… Et comme le port du Pirée appartient désormais aux Chinois, la boucle est bouclée.
Cet article est paru dans le Télépro du 2/9/2021
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