Des funérailles bien vivantes…

Dans la culture Toraja, sur l'île de Sualawesi (Indonésie), les morts sont déterrés à l'occasion du Ma'nene et retrouvent un semblant de vie © Isopix

S’il est une chose devant laquelle nous sommes tous égaux c’est… la mort. Mais d’un coin à l’autre de la planète, elle ne se célèbre pas de la même manière.

La Toussaint n’est pas pour demain, mais Arte s’intéresse déjà aux nouvelles pratiques funéraires («Xenius», mardi, 17.45) ! L’occasion de faire un tour du monde de quelques-uns des rites les plus surprenants liés au deuil.

Retournement des morts

À Madagascar, l’une des traditions les plus importantes est le Famadihana. Dans tous les villages, des dépouilles sont exhumées pour être enveloppées dans de nouveaux linceuls. Au terme de deux jours de fêtes, les familles emballent leurs ancêtres dans des nattes en osier, portées à bout de bras lors d’une joyeuse procession qui s’ébranle au son des fanfares.

Perles de souvenir

Traditionnellement, les Sud Coréens enterrent leurs morts dans la montagne. Mais en raison du manque de place, le gouvernement encourage la crémation. Une entreprise a eu l’idée de transformer les cendres en billes dont les couleurs varient d’une personne à l’autre : vertes, bleues, noires, roses ou nacrées. Les perles peuvent être exposées comme une variante originale de l’urne funéraire ou être partagées entre les membres de la famille.

Festin pour vautours

Au Tibet, lors des «funérailles célestes», les corps des défunts sont offerts aux vautours, considérés par le peuple de l’Himalaya comme des «dakinis» («danseurs du ciel»), des anges permettant la transition entre la Terre et le ciel. Pour les Tibétains, le corps n’est qu’une enveloppe. Les vautours permettent à l’âme de s’en libérer pour pouvoir se réincarner.

Larmes payantes

Lors d’un enterrement, une femme chinoise hurle, pleure à gros sanglots et se traîne au sol de désespoir… Inconsolable à cause de la perte d’un proche ? Pas du tout ! Il s’agit d’une kusangren, une pleureuse professionnelle. Dans un pays où l’on cache ses émotions, elle permet d’extérioriser la tristesse. Après les larmes, place au rire. La kusangren propose aussi des spectacles… humoristiques !

Retour chez les vivants

Sur l’île de Sulawesi (Indonésie), dans la culture Toraja, les morts sont considérés comme «malades» tant qu’ils n’ont pas été enterrés. Ils «se reposent» parfois plusieurs années avant les funérailles et sont embaumés à la sève. Tous les ans au mois d’août, les familles déterrent leurs morts à l’occasion du Ma’nene. Les corps momifiés sont nettoyés, parfumés, habillés et coiffés. Certains ont même droit à une cigarette. Ils sont ensuite exposés aux yeux des villageois, qui se comportent avec eux comme s’ils étaient toujours en vie. L’objectif ? Prouver aux morts qu’ils n’ont pas été oubliés et favoriser les récoltes.

Mort en musique

À la Nouvelle-Orléans, dans l’État de Louisiane, les processions funéraires se font en musique, mélangeant l’héritage des premiers esclaves africains avec les traditions françaises et espagnoles. Accompagnées d’un orchestre ou d’une fanfare, les familles défilent au son de rythmes célèbres, notamment de jazz. D’abord solennelle, la musique se fait de plus en plus festive, donnant au rassemblement des airs de carnaval.

Día de los muertos

Au Mexique, le jour des morts est loin d’être triste ! La Fête des morts, qui a lieu du 31 octobre au 2 novembre, marque le retour temporaire des morts sur Terre. Autels érigés dans les maisons, offrandes aux disparus, défilés en costumes folkloriques… Les familles se rendent aux cimetières, où les tombes ont été nettoyées et fleuries, pour se régaler d’un pique-nique. Couleurs du deuil En 1495, à la mort de son premier enfant, la reine Anne de Bretagne, en souvenir de sa terre natale, demande du noir aux funérailles, alors que la coutume voulait que les femmes se vêtent de blanc et les hommes de violet. La «mode» s’impose dans le reste de l’Europe. Ailleurs dans le monde, le deuil s’affiche sous d’autres couleurs : blanc au Japon, rouge en Chine, bleu en Iran, jaune en Égypte et aux Philippines.

Cet article est paru dans le Télépro du 19/08/2021.

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