Des bactéries au menu !
Samedi à 22h25, Arte met l’œil dans le microscope et dévoile des virus qui se repaissent de dangereux microbes, avec le documentaire «L’Incroyable histoire des tueurs de bactéries».
Aujourd’hui, les scientifiques fondent de grands espoirs sur ces virus aux allures d’atterrisseurs spatiaux, mangeurs de bactéries, qui pourraient bien être la solution à l’une des plus grandes menaces sanitaires de notre siècle : l’antibiorésistance.
Le biologiste franco-canadien Félix d’Hérelle est à l’origine d’une découverte qui pourrait sauver des vies : la phagothérapie. En 1917, alors chercheur à l’institut Pasteur de Paris, ce spécialiste de microbiologie observe des agents destructeurs de bactéries, qu’il nomme «bactériophages».
Rapidement, il envisage leur usage thérapeutique et traite avec succès des enfants atteints de dysenterie à Paris, des cas de peste en Égypte et de choléra en Inde. Fort de cette révolution médicale, George Eliava, élève de Félix d’Hérelle, ouvre en 1923 l’Institut Eliava à Tbilissi, en Géorgie.
Mais deux événements viendront mettre un terme aux avancées de la phagothérapie en Europe de l’Ouest : la découverte de la pénicilline ainsi que la Seconde Guerre mondiale et ses besoins en traitements anti-infectieux.
L’avènement des antibiotiques
Le scientifique anglais Alexander Fleming est à l’origine de la découverte fortuite des premiers antibiotiques. En 1928, il observe le blocage de ses cultures de staphylocoques dorés au contact d’un champignon : le Penicillium notatum. Mais ce n’est qu’à partir de 1943 que la pénicilline est largement utilisée par les armées.
Le XXe siècle voit alors se multiplier les antibiotiques, permettant de soigner de nombreuses maladies mortelles. Plus facile à fabriquer et à utiliser, le traitement par antibiotiques met KO la phagothérapie dans les années 1980, au point que toutes les collections de bactériophages des instituts Pasteur de Paris et Lyon sont détruites.
Antibiorésistance
Mais les antibiotiques sont aujourd’hui victimes de leur succès. À force d’y avoir été confrontées, certaines bactéries ont développé des mécanismes de défense. C’est l’antibiorésistance. Et une catastrophe pour la santé publique.
Déjà en 2014, le docteur Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire, affirmait que «le monde s’achemine vers une ère postantibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer».
Plus récemment, dans un rapport de 2016, l’économiste britannique Jim O’Neill dresse ce constat effrayant : d’ici à 2050, la résistance aux antibiotiques causera dix millions de décès chaque année.
Des phages à la rescousse
Et si la réponse à ce problème existait depuis plus de cent ans et se trouvait en Géorgie ? «Heureusement pour la phagothérapie, la guerre froide a interdit à la médecine des pays d’Europe de l’Est l’accès aux antibiotiques produits par l’industrie pharmaceutique occidentale», nous expliquent les scientifiques François Ravat, Jérôme Gabard et Patrick Jault.
Ainsi, en Géorgie, la phagothérapie est utilisée au quotidien et un tourisme médical s’y est même développé. Les bactériophages (ou phages) se distinguent des autres groupes viraux par leur immense diversité, tant au niveau de leur morphologie que de la composition de leurs génomes.
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