Des animaux sauvages dans nos villes
À plumes ou à poils, des animaux sauvages font désormais partie intégrante du paysage urbain, comme le montre «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50 sur RTL tvi. Mais des spécimens humains bizarroïdes leur font concurrence…
«Il existe beaucoup d’animaux sauvages en ville, pourtant on ne les voit pas.» Dans son livre «Zoocities», la philosophe française Joëlle Zask se demande à quoi ressemblerait une ville dans laquelle la coexistence avec les bêtes sauvages serait possible. Une ville qui ne serait pensée ni contre ni pour, mais avec eux. Et si cela était beaucoup moins compliqué à mettre en place qu’on peut l’imaginer ? Regardez bien autour de vous. Dans votre ville, votre quartier, votre rue : vous les côtoyez sans presque même les remarquer. Vous vivez à leurs côtés, parfois contraint et forcé. De drôles de zèbres pas toujours de bon poil. Des ours mal léchés prêts à vous voler dans les plumes. Contestations ? Démonstration.
Bestiaires de nos villes
Au printemps dernier, le Fond mondial pour la nature (WWF) Belgique dresse le profil de plusieurs espèces d’animaux sauvages observables dans notre pays, certaines d’entre elles dans les villes. Elles y trouvent tout ce qu’il leur faut pour vivre : nourriture dans les déchets, eau, chaleur, fraîcheur… Commençons par les renards. Chaque année, ils se rapprochent des villes par dizaines. Des naturalistes estiment que trois mille spécimens auraient élu domicile en région bruxelloise. Ils y trouvent de quoi se nourrir, mais aussi une certaine sécurité. Trois mille ? Mais vous qui vivez ou travaillez à la capitale, combien avez-vous de collègues ou de voisins que vous qualifieriez de «renard» ? Intelligent, mais rusé et fourbe. Pour les observer, pas besoin d’attendre février et la période du rut ou l’été et la recherche de nourriture pour les petits : le renard humain est actif toute l’année. Les renards dans les couloirs des entreprises, à la photocopieuse et autour des machines à café ? Nombreux. Très nombreux. En revanche, l’observation semble impossible à Sclessin où le Standard est depuis de longues années à la recherche d’un renard des surfaces…
Quel blaireau !
Autre espèce reprise par le WWF : le blaireau européen. Son truc : le cœur de la forêt mais, le cas échéant, une haie peut très bien faire l’affaire. Il cachera l’entrée de son terrier. Ennemi juré : le trafic routier. D’où une espérance de vie limitée à cinq ans. Beaucoup moins que le blaireau à deux jambes, individu que vous fréquentez peut-être quotidiennement dans votre entourage. Cependant, celui-ci ne vit pas en groupe d’une dizaine, ouf ! Naïf, insignifiant, voire ridicule, le blaireau humain peut aussi se faire copain avec un renard, comme l’animal. Et s’il décide de s’en prendre à vous, sachez que c’est un vrai pitbull à la mâchoire redoutable, courageux et rebelle, comme le champion cycliste Bernard Hinault, affublé pour ces deux dernières raisons du surnom de l’animal… et pas toujours facile à blairer.
Rats de villes
Pas de doute que les buses sans plumes, personnes ignorantes, stupides ou bornées, tournoient également dans le ciel de votre vie quotidienne et que les sangliers bourrus peuplent aussi votre environnement. Comme ceux observés récemment dans des communes autour et à l’intérieur de Bruxelles et depuis bien longtemps sur les voies wallonnes. Les rats sauvages pullulent aussi dans nos rues : ils seraient environ deux à trois par habitant en Région bruxelloise. Pour les rats humains, l’ensemble du pays est tout aussi bien fourni. Ceux qu’on appelle parfois «chacal» comportent même des sous catégories : l’avare, «obsédé par l’accumulation de richesses», l’égoïste «qui ne se soucie pas des besoins des autres», le radin «qui refuse de dépenser de l’argent». Retour à la question de départ : la coexistence avec les bêtes sauvages est-elle possible ? Vu sous l’angle choisi, ils sont déjà largement dans la place.
Cet article est paru dans le Télépro du 30/11/2023
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