Déluge biblique : la réalité au-delà du mythe

Photo extraite du documentaire à voir sur Arte © Arte/Elena Nenkova

Le déluge a-t-il existé ? Divers scientifiques ont examiné la question. Le récit de la Bible pourrait s’être inspiré de changements climatiques…

C’est l’un des passages les plus célèbres de la Bible : l’Arche de Noé. Avant de déclencher un déluge qui dévastera la Terre, Dieu ordonne à Noé de construire une arche sur laquelle il embarquera un couple de chaque espèce animale pour les sauver de la disparition.

D’où vient ce récit ? Telle est la question posée par un documentaire d’Arte intitulé «Noé et le déluge – L’envers du mythe», à voir ce samedi à 20.50.

Punition divine

Quelque temps après avoir créé le monde, Dieu a envie de le détruire. C’est ce que raconte le sixième chapitre de la Genèse. Lassé de la violence des hommes, il regrette de les avoir créés et veut les exterminer dans un déluge d’eau. Seul Noé trouve grâce à ses yeux…

Voilà des siècles que les exégètes commentent ce texte. Mais l’histoire de Noé intéresse aussi les historiens. Ce déluge a-t-il existé ? Cet épisode repose-t-il sur des faits réels ?

On se souvient que dans la Bible, Noé a 600 ans… Invraisemblable ! Les scientifiques expliquent par ailleurs que si toute l’eau de l’atmosphère se déversait d’un coup sur la Terre, elle formerait une couche d’à peine 3 cm… Pas de quoi engloutir la planète ! Le récit biblique relève donc du mythe. Mais il semble bien avoir des origines historiques.

Fonte des glaces

Plusieurs hypothèses existent, mais toutes tournent autour du même phénomène : le réchauffement climatique à la fin de la dernière période glaciaire. Le dernier maximum glaciaire date de 21.000 ans. À l’époque, d’énormes quantités d’eau étant emprisonnées dans les glaces, le niveau des mers du globe est 120 m plus bas qu’aujourd’hui. Beaucoup de terres actuellement englouties sont donc émergées et habitées.

La fin de cette ère glaciaire remonte à 12.000 ans. Le climat se réchauffe peu à peu, la glace fond et l’eau empiète inexorablement sur les terres. Le phénomène prend plusieurs millénaires. C’est à cette période que l’Angleterre, le Japon ou l’Australie deviennent des îles. Le golfe Persique se forme aussi, peu à peu envahi par les eaux de la mer d’Arabie.

Crues violentes

On imagine bien les habitants des zones concernées inquiets de cette montée des eaux menaçant leur habitat et leurs cultures. Dès lors, toutes sortes de mythes et légendes apparaissent, qui parlent de déluge. Pour certains historiens, le texte biblique s’inspire de l’épopée de Gilgamesh, un récit épique mésopotamien dont on conserve la trace sur des tablettes cunéiformes au British Museum.

Ce récit de déluge dans l’ancienne Mésopotamie serait lié aux crues violentes du Tigre et de l’Euphrate. Des fouilles archéologiques menées en Irak montrent en effet des couches de boue de 3 m d’épaisseur datant de quatre millénaires avant notre ère.

L’eau indomptable

Le texte biblique donne cependant une indication géographique : l’arche de Noé s’est arrêtée sur le mont Ararat, dans l’actuelle Turquie. Certains scientifiques font donc plutôt le lien avec la mer Noire. Lors de la déglaciation, la hausse du niveau de la Méditerranée aurait fait céder les terres du Bosphore et provoqué un déluge soudain dans la mer Noire. On estime que cette cascade d’eau aurait été 200 fois plus puissante que les chutes du Niagara…

En fait, près de 500 histoires de déluge ont été répertoriés à travers le monde. Chaque peuple semble avoir été touché, comme le note le doc d’Arte : «Noé symbolise toutes les expériences humaines face à la force indomptable de l’eau et tous ceux qui ont vécu dans leur chair la perte de leur maison et de leurs terres»… 

Cet article est paru dans le Télépro du 11/11/2021

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