D’Artagnan, l’homme derrière la légende

D'Artagnan dans toute sa splendeur © RTBF/Gédéon
Stéphanie Breuer Journaliste

Au cours d’un XVIIe siècle tourmenté, un jeune Gascon va connaître un destin prodigieux. L’histoire du véritable d’Artagnan sera décrypté dans un «Retour aux sources» inédit samedi soir sur La Trois.

Le nom de Charles de Batz de Castelmore ne nous évoque pas grand-chose. Pourtant, ce personnage historique est célèbre dans le monde entier ! Et pour cause, les plus grands acteurs l’ont incarné à l’écran, de Douglas Fairbanks à Jean Marais, en passant par Gérard Depardieu et Philippe Noiret. Samedi (21.05, La Trois), «Retour aux sources» propose de découvrir la véritable histoire de… d’Artagnan, le mystérieux mousquetaire d’Alexandre Dumas.

Dès sa publication en 1844, le roman «Les Trois mousquetaires» connaît un succès fulgurant. Le mousquetaire fougueux et séduisant décrit par Dumas devient rapidement un héros de légende, derrière lequel se cache pourtant un personnage historique. Dans sa préface, l’auteur reconnaît s’être inspiré des «Mémoires de M. d’Artagnan», romancées par Gatien de Courtilz de Sandras en 1700. Grâce aux archives, les historiens ont réussi à démêler le vrai du faux.

Agent de Mazarin

Né à Lupiac, en Gascogne, entre 1611 et 1615, Charles de Batz grandit dans une famille modeste de sept enfants. Après les cours de son précepteur, il s’initie au maniement de l’épée et fait preuve d’habileté à cheval. Depuis sa campagne en proie aux famines et à la peste, Charles rêve de «monter à Paris».

Installé dans la capitale, le Gascon, qui opte pour le patronyme maternel (de Montesquiou d’Artagnan), fait ses classes chez les Cadets. Son objectif ? Devenir un soldat d’élite et intégrer la prestigieuse compagnie des mousquetaires du Roi. C’est chose faite en 1633 lorsqu’il revêt pour la première fois la casaque brodée. Sa carrière militaire coïncide avec des années tourmentées, entre la mort de Richelieu, celle de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Agent de renseignements du cardinal Mazarin, il mène une vie d’aventures, faite de missions périlleuses, et, durant la Fronde (1648-1653) qui ébranle la France, reste fidèle à son Éminence.

En tant que mousquetaire, d’Artagnan assiste de près aux grands événements du siècle : le sacre de Louis XIV à la cathédrale de Reims, la guerre contre l’Espagne et la signature du traité des Pyrénées, le mariage du Roi-Soleil avec l’infante Marie-Thérèse d’Autriche (la seule représentation de d’Artagnan date d’ailleurs du défilé du couple royal à Paris en août 1660), ou l’arrestation de Nicolas Fouquet, surintendant des finances, dont il sera le geôlier durant trois ans.

Tué au combat

En 1667, d’Artagnan est nommé à la plus haute fonction, celle de capitaine-lieutenant de la première compagnie des mousquetaires du Roi, et s’affirme comme un redoutable agent du Roi-Soleil. Mais, en juin 1673, ce personnage clé meurt sur le champ de bataille : lors de la guerre de Hollande, il est tué d’une balle de mousquet au siège de Maastricht. Profondément touché, le Roi écrit à son épouse : «J’ai perdu d’Artagnan, en qui j’avais toute confiance et qui m’était bon à tout».

Si les aventures prêtées par Alexandre Dumas à son héros relèvent donc de la fiction, le véritable d’Artagnan partage néanmoins, avec son double de papier, une vie héroïque.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/02/2021.

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