«Dans le sillage des requins» (Arte) : ils ne vous croqueront pas !
La seule image des requins suffit à nous faire peur. Pourtant, ils sont essentiels à… notre survie.
Ces sélachimorphes n’inspirent pas que la crainte. Leur élégance à se mouvoir et leur force de vie sont aussi impressionnantes. Car ces créatures existent depuis 420 millions d’années et auraient survécu à au moins quatre des cinq grandes extinctions de masse survenues sur Terre. Cela fait d’elles les plus vieilles espèces naturelles, plus âgées que les arbres ou que les dinosaures. Jeudi et vendredi à 18.15, Arte plonge dans leur mystérieux univers.
Utiles à la biodiversité
Malgré une réputation de prédateurs, les requins ont des rôles essentiels à l’équilibre de la nature, en éliminant les animaux âgés, blessés ou malades, et en ne laissant en vie que ceux en bonne santé, capables de se reproduire. Ce sont aussi d’efficaces charognards qui engloutissent même les ordures et autres débris générés par les humains. Mais nombre de pays continuent de les chasser et de faire commerce de leur chair (dont les ailerons), tandis que la plupart d’entre nous les voient encore comme des «croqueurs» aussi affamés que ceux du film «Les Dents de la mer». Bien sûr, leur groupe compte des espèces redoutables dont le requin-tigre, agressif dès qu’il repère des humains dans l’eau. Ou le requin Mako, ou requin-taupe, considéré comme le plus rapide (nageant jusqu’à 30 km/h), mais aussi le requin blanc. C’est ce dernier qui aurait été impliqué dans le plus d’attaques contre les hommes.
Pas voraces, seulement curieux !
Pourtant, la plupart des scientifiques assurent que les requins ne sont pas nos ennemis. Ceux qui ont attaqué des plongeurs, nageurs, surfeurs ou naufragés auraient confondu leurs silhouettes, sous la surface de l’eau, avec des animaux marins frétillants. Et ce, malgré leur acuité visuelle. Programmés pour se jeter sur tout ce qui ressemble de loin à un poisson – tel un pied, une jambe – ils mordraient donc les hommes accidentellement. Pour preuve, dans la majorité des cas, ils s’en vont après une seule bouchée. Les requins seraient tout bonnement curieux. Leurs bouches équipées de capteurs sensoriels, dont les dents et gencives légèrement mobiles, peuvent évaluer la teneur en matières grasses d’une proie potentielle. Ainsi, ces prédateurs s’approcheraient-ils de l’homme non pour le dévorer, mais vérifier si cette «nourriture» est faite pour eux. Heureusement, la masse graisseuse humaine étant bien inférieure à celle de phoques ou otaries, les squales ne sont pas intéressés !
Savoir se faire respecter
De plus, on sait maintenant que les sélachimorphes fonctionnent en groupes hiérarchiques et respectent ce qui leur est supérieur. Ceci expliquerait les aventures sans heurts vécues par Valerie Taylor et feu son mari Stan. Observateurs des fonds marins, conseillers sur plusieurs fictions et documentaires, ils ont souvent eu affaire aux squales. «Pour filmer « Blue Water, White Death » en 1970, on a quitté nos cages de sécurité», raconte Valerie. «Les requins nous ont cognés, on les a repoussés plus fort. Ces créatures sont habituées à ce que leurs proies tentent de s’échapper ou ne ripostent pas. Nous, nous avons lutté et avons été acceptés comme faisant partie du peloton ! Nous avons nagé avec eux sans plus du tout nous sentir menacés.» Aujourd’hui, leur héritière spirituelle, l’Australienne Madison Stewart, alias «Shark Girl» (la fille-requin) poste sur Instagram des photos la montrant nageant, sans protection, avec d’énormes requins. Elle a créé le projet Hiu, en Indonésie, qui encourage les pêcheurs locaux à renoncer à la capture de requins pour devenir «guides touristiques sous-marins», sauvant ainsi les squales. Et les humains !
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 20/2/2020
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