Dans le cabinet des curiosités jamais vues, mais si convoitées

Le fil d’Ariane, la boîte de Pandore, le vase de Soissons, le cheval de Troie… L’Histoire est remplie d’objets jamais vus. Mythiques ou disparus ?

Où peut-on voir le vase de Soissons ? Bonne question. Tout le monde en a déjà entendu parler, mais personne n’a jamais pu mettre la main dessus. Peut-être a-t-il disparu depuis des temps lointains. Ou peut-être n’a-t-il jamais existé…

Peu importe, explique Patrick Boucheron dans «Faire l’Histoire» (Arte, ce samedi à 18h15). Que cet objet soit réel ou pas, il appartient à l’imaginaire collectif. Il fait de Clovis le fondateur de la monarchie française. Et c’est là le plus important. L’Histoire est ainsi parsemée d’objets réels ou imaginaires qui suscitent curiosité et convoitise…

La boîte de Pandore

Ne cherchez pas le musée abritant la boîte de Pandore, le fil d’Ariane ou le cheval de Troie. Aucun de ces objets n’a jamais existé. Ils sont pourtant bien vivants dans notre esprit. Et plus encore dans notre langue, où ils expriment un concept précis qu’aucun synonyme n’exprime mieux.

Ainsi, quand les informaticiens du XXIe siècle désignent un logiciel malveillant, ils l’appellent encore «cheval de Troie», en référence à la mythologie grecque. Toutes les mythologies ont leurs objets légendaires : du collier de Shiva chez les hindous à l’anneau des Nibelungen pour les peuples nordiques. L’histoire des religions est aussi truffée d’objets dont on ne sait s’ils sont vrais ou fantasmés.

De Hitler à Kaamelott

En novembre dernier, des scientifiques affirmaient avoir localisé l’Arche de Noé. La Bible indique que l’Arche s’est arrêtée sur le Mont Ararat, dans l’actuelle Turquie. Mais, y a-t-elle jamais été pour de vrai ? D’autres sont à la recherche de l’Arche d’Alliance, le coffre qui contiendrait les tables de la loi que Moïse reçut sur le mont Sinaï.

Faut-il croire à la matérialité de cet objet ? Il est en tout cas très présent dans la culture populaire, d’Indiana Jones aux jeux vidéo. D’autres encore cherchent la Sainte Lance, l’arme qui aurait percé le flanc du Christ lors de sa crucifixion. C’était l’une des obsessions de Hitler. Mais il existe plusieurs lances de par le monde qui revendiquent être le fameux objet.

Idem pour le Saint Graal, le calice utilisé par Jésus lors de la dernière cène. Sa recherche est si éprouvante et improbable que l’expression «quête du Graal» est entrée dans la langue. Le Graal a également été abondamment repris et détourné, des Monty Python à Kaamelott !

Vive l’Histoire

Parmi les objets historiques dont on ne sait trop s’ils sont réels ou imaginaires, il y a aussi tous les trésors. La pierre philosophale, le trésor des Templiers, les nombreux bateaux échoués avec leur précieuse cargaison… Sans oublier ceux dont les artistes se sont emparés. Que seraient les ferrets de la reine dans l’Histoire de France s’il n’y avait eu «Les Trois Mousquetaires» d’Alexandre Dumas ? Ou le Hollandais Volant dans celle des Pays-Bas sans l’opéra homonyme de Wagner ? Peu importe que ces objets aient ou non existé. Ils font vivre l’Histoire.

«Les Belges, les plus braves»

Excepté Manneken Pis, l’histoire de Belgique repose moins sur un objet, que sur une citation mythique : «De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves». César a effectivement écrit cette phrase, mais pas dans le sens où nous le pensons. En qualifiant le Belge de «brave», César ne lui fait pas un compliment.

Il cherche d’abord à se valoriser en soulignant qu’il a vaincu un peuple redoutable. Ensuite, il faut lire la suite de la phrase… César y explique que les Belges sont étrangers à toute culture, toute civilisation. Bref, les Belges sont des barbares. La phrase tronquée a été exhumée au XIXe siècle, à la naissance de la Belgique. Alors que certains y voyaient un État artificiel, cette citation de César donnait un passé lointain et glorieux au jeune Plat Pays…

Cet article est paru dans le Télépro du 28/4/2022