Cybathlon : Paralympiades 3.0
Mi-hommes, mi-robots, les compétiteurs handicapés et leurs exosquelettes s’affrontent au Cybathlon. L’édition 2020 est à découvrir dans une émission diffusée ce dimanche 10 janvier à 19h05 sur TV5Monde.
Sous le masque chirurgical qui protège son visage, on devine le large sourire qu’elle arbore. Un «check» de joie avec la personne qui se trouve à ses côtés, une pancarte qu’ils brandissent gaiement : Médaille d’Argent ! Cette sportive en sweater immaculé célèbre une place d’honneur dans une compétition au nom étrange : Cybathlon. Mais attention ! Dans cette séquence d’une minute diffusée sur YouTube, rien n’est visible au premier regard.
D’abord Silke Pan, c’est le nom de la sportive, n’est pas une compétitrice comme les autres. À 47 ans, cette Suissesse, ancienne artiste de cirque, est paraplégique depuis une très mauvaise chute survenue en 2007. Et c’est vrai qu’en y regardant de plus près, il y a ce fauteuil roulant dans lequel elle est assise… La compétition où elle s’est illustrée n’a rien de commun non plus.
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Le Cybathlon, c’est compétition similaire aux Jeux olympiques «qui met à l’honneur les innovations technologiques autour du handicap». L’École polytechnique fédérale de Zurich l’organise tous les quatre ans depuis 2016. La deuxième édition avait lieu en novembre. C’est là que Silke Pan s’est illustrée.
Cyborgs
Un autre nom pour les Jeux paralympiques ? Pas du tout. D’abord, le Cybathlon ne comporte que six épreuves, six courses, toutes inspirées de situations de la vie quotidienne : escaliers, plans inclinés, portes à franchir, slalom…
Deuxième différence marquante : les Jeux paralympiques autorisent uniquement les prothèses non motorisées. À l’opposé, pour participer au Cybathlon, il est fortement conseillé ou plus exactement obligatoire de se doper… technologiquement. Exosquelette motorisé, vélo de stimulation électrique fonctionnelle, prothèse de jambe motorisée, interface cerveau-ordinateur, fauteuil motorisé dernière génération… la liste du matériel pour équiper ces femmes et ces hommes bioniques est très longue.
Les vidéos postées sur la Toile par Silke Pan et certains autres compétiteurs témoignent des prouesses réalisées grâce à ces outils de pointe. Munie de son exosquelette, elle franchit les uns après les autres les obstacles, s’assied dans un fauteuil profond, se relève, contourne des tables, monte une volée d’escaliers, la descend… Et au bout du parcours, il y a cette médaille, elle aussi un peu particulière cette année.
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Compétition en visio
En raison de la situation sanitaire, le Cybathlon 2020 n’a pu être organisé comme prévu, en présentiel, à Zurich. Pour les cinquante-cinq participants représentant vingt-trois nationalités, les courses ont eu lieu à distance. «Sur trente-neuf sites différents», précise Annegret Kern, responsable de la communication du Cybathlon 2020. «Les activités devaient avoir exactement les mêmes dimensions, connues au millimètre près par les équipes qui installaient les obstacles, le tout vérifié à distance par les organisateurs.»
Une prouesse supplémentaire pour atteindre malgré tout l’objectif : être une vitrine des nouvelles technologies et prouver à quel point celles-ci peuvent bouleverser la vie quotidienne des personnes qui en sont équipées.
Comme le déclare Kevin Piette, un pilote d’exosquelette, l’espoir est de commercialiser un jour des versions personnelles de ces outils hypersophistiqués. «Je souhaite qu’ils apportent une meilleure autonomie à l’accessibilité, en intérieur ou en extérieur.»
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 7/1/2021
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