Contes et légendes : Blanche-Neige en a vu de toutes les couleurs

Dans la version initiale du conte, les nains n’avaient pas de noms © ullstein bild via Getty Images

Issue du folklore allemand, l’aventure de l’héroïne a connu maints remaniements, notamment par les frères Grimm. Puis la gloire internationale, grâce à Disney. Et là encore, avec quelques soucis.

Samedi à 22h30, « Culture Club » (Tipik) évoque la sortie du musical « Blanche-Neige » (en salles le 19 mars). Si ceux qui l’ont rendue célèbre, Jacob et Wilhelm Grimm ou Walt Disney, revenaient aujourd’hui, peut-être s’amuseraient-ils des polémiques « woke » que rencontre leur chère « Schneewittchen » sur son apparence et celle de ses amis les nains. Car la princesse en a vu d’autres, entre des versions très cruelles sur le papier et les complications d’adapter le récit en un long métrage auquel peu de personnes croyaient.

Historiettes locales

Diplômés en droit, les frères Grimm n’ont jamais songé à la littérature. Ils nourrissent juste un intérêt pour les contes et mythes de leur pays. Contactés au début du XIXe siècle par le folkloriste Clemens Brentano, ils l’aident à consigner par écrit les historiettes locales. De leur travail émergent des ébauches de « La Belle au bois dormant », du lutin Rumpelstiltskin (désormais héros de « Once Upon a Time ») et de « Blanche-Neige ». Brentano se désintéresse du projet mais les ingénieux frangins se lancent dans les « Kinder und Hausmärchen » (« Contes pour enfants et pour la maison ») et en publient une cinquantaine.

Détails effrayants

Willhem, qui a le plus de fibre artistique, enrichit les manuscrits de détails soit merveilleux, soit effrayants. Initialement, l’héroïne réfugiée chez ses sept amis nains (qui n’ont pas de prénom) n’a pas de belle-mère jalouse. C’est sa propre mère qui veut se débarrasser d’elle en demandant au chasseur de la tuer. Dans un autre opus, quand la reine envieuse apprend que les entrailles qu’on lui a rapportées ne sont pas celles de la défunte jeune fille, elle les mange !

Procédés coûteux

C’est la version de 1857 qui aurait séduit Walt Disney. Il adore cette histoire de rivalité et d’amour depuis ses 15 ans, lorsqu’il en vit une version muette au cinéma, en 1916, avec des acteurs humains. Cette douce jeune fille sera la protagoniste de son premier long métrage d’animation. Il en a décidé ainsi malgré les moqueries et doutes de son entourage. Car Walt a jusque-là créé des œuvres bidimensionnelles dont les héros n’ont guère de relief. Disney acquiert alors la caméra multiplan offrant quatre couches d’animation en une seule image et l’illusion d’une tridimensionnalité. Et tant pis s’il faut huit hommes pour la manipuler.

L’ado idéale

En outre, monter un seul film d’animation dure quatre ans, alors que les fictions avec de vrais acteurs sortent par dizaines chaque année. Le père de Mickey veut aussi le nouveau, coûteux et fameux procédé Technicolor. Son frère Roy trouve les moyens de l’acheter. Mais la technique n’est pas tout. Les dessinateurs de l’équipe ont besoin de modèles humains. Grim Natwick, papa de Betty Boop, les rejoint et, ensemble, ils cherchent l’adolescente idéale parmi 150 candidates. L’heureuse élue est Marge Champion, actrice et danseuse de 14 ans dont ils observeront tout : ses mains, ses pas, comment sa robe virevolte et ses cheveux rebondissent quand elle bouge !

Étape décisive

À sa sortie en décembre 1937, le film fait un triomphe. Le critique de Variety écrit : « L’animation de la fable des Grimm par Disney marque une étape révolutionnaire. C’est une œuvre d’une beauté absolue. » Blanche-Neige est aussi la preuve que la volonté de toujours faire mieux et de réaliser ses rêves les plus fous sont possibles.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/3/2025

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