Conjuration des Pazzi contre les Médicis : intrigues à Florence
En 1478, les Pazzi pensaient renverser les Médicis et s’emparer du pouvoir…
Surnommé «le Magnifique», Laurent de Médicis a incarné la grandeur de Florence et fait rayonner la cité toscane, capitale de l’art et de la culture dans l’Europe de la Renaissance. Un rôle de prince mécène qu’il a exercé seul après l’attentat dont il a réchappé et qui a coûté la vie à son frère. Retour sur la «conjuration des Pazzi», racontée samedi à 20h50 sur Arte dans le documentaire «Attentat à la cathédrale de Florence».
À la Renaissance, les territoires du nord et du centre de l’Italie sont partagés entre des principautés (Parme, Milan…) et des républiques (Gênes, Venise, Florence…). La brillante cité toscane du Quattrocento (le XVe siècle italien) est aux mains des Médicis, une richissime famille de marchands et banquiers qui, en plaçant leur fidèles aux postes clés, gouverne la ville depuis trois générations.
Au grand-père Cosme et à son fils Pierre le Goutteux succèdent deux frères : Laurent et Julien de Médicis. Par leur ascension fulgurante et leur pouvoir, les Médicis attisent la haine de la famille rivale des Pazzi, issue d’une ancienne lignée aristocratique.
Secret bien gardé
Un complot visant les deux frères se met alors en place. Comme l’explique Jean-Yves Boriaud dans «L’Imprudente conjuration des Pazzi» (Historia), «la conjuration, d’abord florentine, étend ses ramifications jusqu’à Rome, et se développe jusqu’à compter cinquante comploteurs, «chose miraculeuse», aux yeux de Machiavel (qui raconte le complot dans son «Histoire de Florence», ndlr), puisqu’en dépit du nombre des conjurés le secret est gardé jusqu’à sa mise en œuvre».
Rassemblant des fidèles, des amis de la famille et Francesco Salviati, l’archevêque de Pise, le complot obtient même l’appui du pape Sixte IV, dont le neveu est lui aussi opposé aux Médicis. Le plan initial prévoit d’empoisonner les deux princes lors d’un banquet organisé le samedi 25 avril 1478. Or, blessé lors d’une partie de chasse, Julien n’y participe pas.
Les conjurés décident alors de frapper le lendemain, lors de la messe de Pâques. Mais l’assassin prévu, Jean-Baptiste de Montesecco, se désiste, refusant «d’ajouter le sacrilège à la trahison» et obligeant les conjurés à se rabattre sur des tueurs inexpérimentés.
Sanglantes Pâques
Le dimanche, alors que le Tout-Florence se presse à la cathédrale Santa Maria del Fiore, deux proches, membres du complot, viennent chercher Julien de Médicis, toujours souffrant. En le soutenant, ils en profitent pour vérifier qu’il ne porte pas de cuirasse.
À l’époque, intrigues et trahisons rythment la vie des riches et des puissants, et il est de coutume de se protéger. Au moment de la communion, les assassins se jettent sur Julien de Médicis, le tuant de dix-neuf coups de dague. Mais l’attaque sur son aîné échoue lamentablement et Laurent, blessé à la gorge, parvient à se réfugier dans la sacristie.
Alors qu’ils tentent de rallier le peuple à leur coup d’État en criant «Liberté !», les conjurés sont poursuivis par les citoyens, fidèles aux Médicis. S’engage ensuite une véritable vendetta à travers la ville.
Dans les jours suivants, la justice florentine condamne et exécute tous les conspirateurs. L’archevêque de Pise n’échappe pas au supplice et est pendu à la fenêtre du palais. En représailles, le Pape excommunie Laurent et, soutenu par Naples, lui déclare la guerre. Pour autant, le prince florentin maintient son pouvoir et, en habile diplomate, parvient à mettre fin au conflit, gagnant ainsi, pour l’éternité, son surnom de «Magnifique».
Cruelle ironie du sort : loin d’anéantir la famille Médicis, la conjuration des Pazzi aura finalement contribué à sa gloire…
Cet article est paru dans le Télépro du 7/10/2021
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